Sur les onze titulaires présents à l’entame de la rencontre
seuls 5 figurent parmi les onze joueurs les plus utilisés depuis le
début de la saison. Il manque évidemment certains blessés
ou malades (Faé, Da Rocha, Viveros, Caceres) mais aussi Yapi et Bagayoko
sacrifiés sur l’autel du « tout pour la défense
et les restes pour l’attaque ». A moins que les deux joueurs africains
sous la menace d’un 3ème carton jaune aient été
réservés pour le 8ème de finale de la coupe de la Ligue
à Auxerre, qui clôturera une des pires moitié de saison
de l’histoire du club doyen de l’élite et dont l'issue
pourrait décider du sort de Loïc Amisse.
Le froid glaçant de Villeneuve-d’Ascq est synonyme d’organisation
frileuse « savamment » préparée à huis clos
durant la semaine et sensée gêner les velléités
lilloises. Ainsi le coach nantais aligne tous ses défenseurs encore
valides, même si Savinaud retrouve le milieu de terrain et si Capoue
crée tantôt le « surnombre » en défense ou
au milieu selon que Nantes attaque (rarement) ou défend (souvent).
L’ex-joueur de National a surtout la charge de surveiller Christophe
Landrin. A dire vrai ce coté gauche est particulièrement fourni
puisque Stinat et Ahamada font le nombre, tandis qu’à l’opposée
on se réjouit presque de l’absence surprise de Philippe Brunel,
puisque la présence sur le flanc droit de Leray et N’Zigou n’est
pas spécialement rassurante.
Pour préparer cette mise en place, la vidéo a beaucoup fonctionné
cette semaine à La Jonelière, de sorte que le plan de table
concocté par notre cuistot jaune toqué sursitaire prévoyait
d’innover en ressortant une bonne vieille recette oubliée : le
retour du libéro. On se souvient des reconversions réussies
d’Henri Michel ou du grand Max, de l’allure particulière
de Hugo Bargas ou encore de Beckenbauer le bras dans le plâtre et de
Ruud Krol en bellâtre seventies, sans parler de la moustache de Christian
Lopez derrière le crinière d’Oswaldo Piazza, sans oublier
non plus l’indémodable Baresi Bref un poste de joueur de métier
à tendance charismatique, à la fois technique, serein et bon
lecteur de jeu.
Dans les fonds de tiroir où l’on ne retrouve pas forcément
son fond de jeu, Loïc Amisse a senti le vent de la nostalgie l’envahir
à l’idée d’introniser Loïc Guillon libéro
en chef. Evidemment le nom sonne un peu creux par rapport à ses prestigieux
et lointains prédécesseurs. Il faut bien commencer un jour après
tout. Il faudra vite en terminer aussi avec les fausses bonnes idées.
D’autant que l’ancien attaquant reconverti jeune défenseur,
n’a pas à priori le profil du poste. Mais voilà, durant
sa semaine agitée, Loïc Amisse a tellement cauchemardé
les percées de Landrin et les fausses pistes de Moussilou dans le dos
de la défense, qu’un ange, dont on doute des bonnes intentions,
lui a courageusement soufflé ce nom : « Guillon, Loïc, Guillon
». Dubitatifs, on se demande si cet ange doté d’un défaut
de prononciation ou d’une lettre d’alphabet d’avance comme
d’autres ont un train de retard, ne souhaitait pas libérer Amisse
de sa charge plutôt que de nous imposer un libéro.
Mais notre Guillon, libéro intermittent a plutôt choisi de cultiver
les retards assaisonnés d’indécisions. Durant la semaine,
Loïc Amisse avait promis un discours simple, à la portée
de tous : « On défend et on oublie le jeu ». Les voix de
La Jonelière sont impénétrables et notre élève
défenseur Guillon a compris qu’il fallait oublier de jouer le
hors jeu. Ainsi à la 10ème minute, il couvre Moussilou puis
manque une intervention délicate qui profite au jeune attaquant du
LOSC, lequel inquiète Landreau dans un angle fermé. Cinq minutes
plus tard, Acimovic sert Landrin dans le dos de la défense, alors que
Stinat est à la traîne. Il faut encore un arrêt décisif
du capitaine nantais pour donner l’illusion que la méthode défensive
reste un bon choix.
Après un second quart d’heure particulièrement indigent
de la part des Canaris, ceux-ci s’essayent tout de même à
l’attaque en enchaînant enfin les passes dans le camp adverse.
Leray centre, Vitakic se loupe, Ahamada en profite devant un Tavlaridis bien
conciliant. Son contrôle est trop long mais N’Zigou a suivi et
propulse le ballon hors de portée de Sylva qui n’avait alors
pas touché un ballon (32’). Malgré une dernière
alerte de Vitakic (34’) consécutive à une nouvelle couverture
mal inspirée de Guillon, les Nantais regagnent le vestiaire avec ce
précieux but d’avance en forme de hold-up.
Dans les vestiaires, on imagine Amisse prier ses joueurs de continuer à
jouer ainsi tout en leur rappelant qu’à Caen et à Ajaccio,
ils n’avaient pas su tenir le résultat. De son coté Claude
Puel qui venait d’assister à la plus mauvaise mi-temps de ses
joueurs depuis longtemps a du leur souffler qu’il fallait jouer plus
haut et se souvenir que dans le dos de la défense, il y avait des bons
coups à jouer.
Bons élèves, les Lillois accélèrent, jouent plus
haut et Bodmer montre enfin qu’il a du talent, lorsqu’il trouve
Dernis sur la gauche. La frappe du remplaçant de Brunel ne laisse aucune
chance à Landreau (50’). Deux minutes plus tard, Bodmer alerte
cette fois Moussilou dans le dos de la défense. Lille a retrouvé
son jeu et prend l’avantage en deux minutes. Le score n’évoluera
pas malgré une tentative de Bagayoko difficilement négociée
par Sylva (57’) et un sursaut d’orgueil stérile dans les
10 dernières minutes.
Après la recette défensive, Loïc Amisse va devoir beaucoup
cogiter pour inquiéter les joueurs de Guy Lacombe dimanche prochain.