Les Nantais tuent le derby par leur insignifiance.
Le derby de l’Atlantique s’annonçait comme un challenge
intéressant, une manière de revenir dans le championnat avec
de l’envie, de la passion, de la pression. Force est de constater que
les jeunes générations ont oublié le sel de ces oppositions
d’antan. Ou alors le mal est plus profond, mais dans la région,
on a l’habitude de ne rien dire quand ça ne tourne pas rond.
C’est parfois mieux ainsi, sauf quand ça se traduit sur le terrain
par un manque d’orgueil, d’envie et de réaction. En quelque
sorte, le minimum attendu quand ça ne rigole plus et quand il devient
illusoire de continuer à regarder vers le haut.
Retour à la 14ème place après
une brêve embellie.
Si France Football parlaient en début de saison, au sujet de Nantes
et Bordeaux, de deux clubs à la dérive, après quinze
journées, nous n’en voyons plus qu’un seul, comme nous
le suggérions déjà lors de la présentation de
la rencontre. Bordeaux enchaîne pour la première fois de la saison
une série de deux victoires consécutives et peut envisager l’avenir
avec confiance. Les Nantais suivent le chemin inverse avec cette deuxième
défaite d’affilée et une plongée en queue de ventre
mou (perspective peu ragoûtante) à 3 points seulement du premier
non relégable. Si les Canaris n’avaient pas montré d’autres
qualités avant cette série de 5 matchs sans victoires avec deux
points minuscules à la clé, on trouverait ça désespérant
mais logique.
Une source d'inspiration à chercher
du coté de Bordeaux.
A part deux bonnes entames de mi-temps et une réaction tardive à
l’approche de la dernière minute de jeu, les Nantais n’ont
rien montré et ont accumulé les erreurs individuelles et collectives.
Certains joueurs pour des raisons diverses sont passés totalement à
coté du sujet et ont particulièrement entamé le collectif
nantais. A tel point que l’on sent une sorte de désagrégation
inquiétante à l’image d’un Jérémy
Toulalan qui croit pouvoir jouer les sauveurs à force d’actions
individuelles pourtant vouées à l’échec. Il va
donc vite falloir revenir aux bases du jeu et à la simplicité
incarnée quand chacun assume et assure son rôle. Le jeu nantais
est tellement à la dérive qu’il faut désormais
regarder comment procèdent les Bordelais pour réapprendre les
fondements du collectif. C’est un comble, ça n’est pas
loin d’une première historique non plus…
Nantes ne va pas bien, mais hier soir Loïc
Amisse ne l’a pas vraiment aidé à aller mieux.
On peut aussi se demander si Loïc Amisse ne cherche pas la difficulté
à vouloir jouer au plus malin. Certes les absences de Viveros et Caceres
ajoutées aux blessures de Drouin et Delhommeau, bref ce qui pourrait
être une défense type, ne facilitent pas la tâche du technicien
nantais, mais pourquoi revenir à une défense à trois,
alors que Bordeaux ne joue qu’avec une seule pointe, que Cetto n’est
pas un libéro, que Jurietti et Jemmali n’ont pas l’habitude
de prendre trop de risques à l’extérieur et surtout que
l’équipe était stabilisée autour d’une défense
à quatre. Pourquoi aussi retenir Hadjadj dans le groupe, alors qu’il
revient de blessure et qu’il est habituel de réintégrer
le groupe pro en passant par la case CFA, d’autant que Dimitrijevic
avait particulièrement séduit face à Laval et à
Gerland. Pourquoi enfin déplacer Faé à droite, alors
qu’il ne sait absolument pas se satisfaire d’un jeu de couloir.
Et puis un dernier doute pour la route, pourquoi se passer d’un vrai
latéral gauche, Stinat en l’occurrence, et faire jouer Capoue
à contre-emploi avec les conséquences que l’on sait.
Quinze bonnes premières minutes et puis
plus rien.
En terme d’occasions et de tirs cadrés, les Nantais ont bien
failli frôler le néant dans le temps réglementaire. En
première période, seule une tête plongeante de Pujol (19’)
et un coup franc détourné de Savinaud ont un tantinet inquiété
Ramé, alors que Jurietti sur un centre appuyé (22’) puis
une belle frappe de Francia (23’), bien décalé par un
Chamakh tout heureux de jouir d’une telle liberté durant 80 minutes,
avaient donné l’alerte avant le but de Meriem, à la conclusion
d’un oublie de Capoue sur la gauche (25’). Les Bordelais seront
même tout près de doubler la mise avant la mi-temps sur une reprise
de Cohade à nouveau servi par « il est libre » Chamakh
(32’) ou encore sur une talonnade de Meriem (45’) avec à
l’origine une nouvelle approximation défensive de Capoue.
Au retour des vestiaires, les Nantais vont au moins faire preuve d’un
peu plus d’envie, mais sans aucune ligne directrice collective. Au final,
c’est décousu et ça n’abouti sur rien de probant
excepté un bon coup franc d’un Gilles Yapi (76’) auteur
d’un match bien malheureux et dont on cherchera volontiers les causes
dans les troubles qui agitent son pays. Pourtant, les Nantais seront tout
près de l’égalisation dans les arrêts de jeu, sur
une frappe sans maîtrise de Shiva N’Zigou (91’), sur une
percée de Jérémy Toulalan (92’) ou sur une tête
retournée de Mauro Cetto (93’). Ce qui aurait été
sacrément injuste pour les Bordelais qui auraient du doubler la mise
par Chamakh contré plus qu’énergiquement par Landreau
(66’) ou par Meriem sur une frappe trop enlevée (74’).
Le FC Nantes plonge mais ne doit pas faire l’autruche. Les mécontentements
(Pujol, Bratu) et les désirs de départ (N’Zigou) ne contribuent
pas à la sérénité de mise dans la situation actuelle.
A force de jouer la concurrence à outrance, de ne pas cacher chercher
un nouvel attaquant, de sortir des joueurs à l’issu de bons matchs,
le staff technique ne joue pas vraiment pour l’osmose et est finalement
dans la lignée de l’incohérence qui aura agité
cette intersaison qui reviendra inéluctablement au premier plan si
les résultats et la manière continuent de décevoir à
ce point.