Samedi après-midi, les Nantais ont assurément livré leur plus mauvais match de la saison et la sanction fut sans appel face à l’organisation sans faille de l'équipe de Laurent Croci. En effet, peu avant l’heure de jeu, un contre rapidement mené, permettait à l’excellent Frédéric Clément de servir dans l’intervalle au premier poteau, Matthieu Moreau qui crucifiait Perica Radic. Les Nantais pouvaient alors regretter de ne pas avoir été plus pressants en première période, quand ils ne balbutiaient pas encore totalement leur football. Après ce but, ce fut du grand n’importe quoi, chacun y allant de son petit numéro et se compliquant la vie à loisir quand une maigre solution existait encore. Manifestement, face au 4-5-1 de circonstance bricolé par Laurent Croci, puisque celui-ci ne disposait que d’un seul attaquant valide, le 4-4-2 de Serge Le Dizet a souffert d’un manque de liant au milieu et d’une association en attaque aussi inadaptée qu’à Rennes.

En réserve de la formation.
Etre entraîneur de l’équipe réserve est un travail ingrat. Loïc Amisse en sait quelque chose lui qui occupait ce poste, il y a moins de deux ans. Serge Le Dizet avait beau dire en début de saison que ce qui comptait au delà du résultat c’était de parfaire la post formation et sortir quelques futurs pros, l’équipe de CFA s’appelle toujours l’équipe réserve et la quadrature du cercle veut que les mécontents en purgatoire de l’élite fassent des mécontents sur le banc de la CFA. On est parfois bien loin des titularisations au mérite et c’est tout l’équilibre collectif qui en fais les frais.

N'Zigou et Keserü devant mais pas Thicot et ba derrière.
Ainsi, on peut se demander si une association N’Zigou, Keserü est un choix judicieux, alors que ces deux joueurs manquent cruellement de consistance dans le jeu. On peut aussi s’étonner d’un coté droit sans véritable joueur de couloir, à fortiori quand Leray n’apporte pas le soutien offensif escompté. On fulmine encore au sujet de la titularisation de Loïc Paillères, qui n’a rien d’un joueur d’avenir (Mickaël Tavares en a encore fait les frais). On peut enfin regretter que Serge Le Dizet ne souhaite pas associer Ba et Thicot en défense centrale, même si on se doute que les deux joueurs ont des profils sans doute trop similaires, d’autant que Ba, excellent avant sa blessure, n’a peut-être pas retrouvé toute la plénitude de ses moyens.

Manque de solutions en soutien devant.
Bref, cette équipe aurait eu besoin d’un peu de nouveauté après la défaite à Rennes, comme un bon coup de fouet, et d’une attaque plus complémentaire, collective et travailleuse. On pense évidemment à Fouad Bouguerra et Baptiste Ibrahim. Malheureusement, Bouguerra est rentré pour jouer dans le couloir droit, alors que Luigi Glombard est resté dans l’axe après avoir suppléé Claudiu Keserü à la pause. Ainsi faute d’avoir des attaquants à l’aise en soutien, les Nantais ont surtout tenté de trouver rapidement la profondeur, en tombant trop souvent dans le piège du hors-jeu.

N'Zigou trouve le poteau.
Pourtant à la suite d’une bonne inspiration de Bucundi Ca, N’Zigou échappait à la vigilance poitevine et se présentait seul face à un gardien curieusement statique et peu avancé. La frappe du jeune Gabonais trouvait malheureusement la base du poteau (12’). Cette action eut le mérite de réveiller les acteurs des deux équipes et des Canaris en particulier qui n’avaient jusqu’alors frappé qu’une seule fois au but sur un tir trop écrasé de Keserü (8’). Ensuite, Laban alerta de loin Siklenka, mais sur le contre Radic devait intervenir dans les pieds d’un attaquant adverse. De même Dimitrijevic plaçait une bonne frappe bien captée par Siklenka tandis qu’à l’opposée Gouleau mystifiait Leray avant de frapper de peu à coté dans un angle fermé (17’). Les joueurs en noir restaient dangereux et se procuraient même une énorme occasion, lorsque Radic en difficulté sur une sortie courageuse, ne pouvait empêcher le ballon de revenir au point de penalty pour une reprise au-dessus alors que le but était grand ouvert (23’). Les débats s’équilibraient jusqu’à la pause, les joueurs de Laurent Croci n’étaient pas véritablement dominés, pourtant juste avant la mi-temps une mauvaise relance de Siklenka profitait à N’Zigou, dont la frappe était repoussée du pied par le fautif qui se rattrapait in extremis.

Les Nantais sombrent en seconde période et Le Dizet pète les plombs.
A la reprise, Glombard suppléait un Claudiu Keserü une nouvelle fois extrêmement discret et faisait jouer sa puissance pour inquiéter la défense adverse. Il n’y eut pourtant rien de particulièrement notable avant le but de Matthieu Moreau (53’). Ensuite, malgré les entrées de Bouguerra (58’) sur le coté droit puis de Ibrahim (72’), les Nantais ne se procurèrent pas de réelles occasions et s’impatientèrent en oubliant les bases du jeu collectif. On assista alors à un florilège de mauvaises passes, de mauvais contrôles et de dribbles improductifs. Cette fébrilité gagnait même Radic, dont les dégagements laissèrent à désirer. Les Poitevins attendaient tranquillement en défense, tandis que Nantes se montrait enfin dangereux sur une bonne remise de Ca reprise de la tête par N’Zigou (69’) ou sur un coup franc de Laban que Leray était à deux doigts de reprendre victorieusement. En toute fin de rencontre, Dimitrijevic décalait Glombard qui choisissait de s’excentrer à gauche au lieu de piquer son ballon au-dessus du gardien. Son centre en retrait ne pouvait ensuite être bien exploité par Bouguerra au milieu de 5 adversaires. Avant une dernière reprise d’Ibrahim, le Dizet frisera la correctionnelle en repoussant l’arbitre venu le calmer après un hors jeu très discutable. Le nombreux public poitevin peut alors laisser éclater sa joie, c’est fini, Poitiers tient et mérite sa victoire.

Commentaires sur les joueurs.
A Nantes, ce sont toujours les mêmes joueurs qui sortent un peu du lot. Ainsi Dimitrijevic, Laban et Thicot n’ont pas grand chose à se reprocher, même si on les a déjà vu tous les trois beaucoup plus saignants et décisifs. Pour le reste, Radic ne semble pas aussi à l’aise et rassurant pour ses partenaires, que Thébaux. Mairet, titularisé pour la première fois, a fait une bonne première mi-temps avant d’être appoximatif après la pause. Rippert, malgré quelques bonnes montées, s’est montré fébrile et nerveux. Leray est passé à coté de son match. Bucundi Ca a alterné des actions de grandes classes avec des passes manquées souvent dangereuses. Paillères n’a été bon que par de trop rares éclairs dans le jeu long, il n’a eu au final que peu d’emprise sur le jeu. Devant N’Zigou fut le plus dangereux, mais il manque encore de concentration. Keserü touche toujours un minimum de ballon dans un match. Si ce joueur est le génie annoncé, il faudrait peut-être se poser la question de sa mise en orbite, quitte à jouer pour lui et à compenser son manque de rayonnement dans le jeu. Glombard a fait valoir sa puissance, mais il fut pénalisé par sa conduite de balle et ses mauvais choix. Ibrahim a eu peu de temps pour s’exprimer, tandis que Bouguerra exilé coté droit, a tout de même pu se mettre en valeur sur quelques actions. A Poitiers, le capitaine Frédéric Moine (5) ainsi que Anthony Gouleau (7) et Frédéric Clément (10) ont été les plus en vue.