Concéder le nul en jouant mal
On peut gagner en Ligue 2 en jouant bien, y compris sur le terrain d'un prétendant à la montée. Nantes l'a prouvé à Troyes. On peut aussi, en jouant mal, concéder un match nul à domicile face à un relégable. Nantes s'en est aperçu à ses dépens contre Niort. 1-1, il n'y a pas grand chose à dire, le nul est logique. Il n'y a pas non plus, soyons franc, beaucoup de commentaires à écrire sur le spectacle. Il a été décevant.
« On n'avait pas de cannes », s'est exclamé Michel Der Zakarian, rappelant au passage que les Canaris éprouvent souvent des difficultés, lorsqu'ils ont joué le lundi, à se montrer à leur affaire le vendredi suivant. On a tendance à lui donner raison tant les mouvements ont cruellement manqué. Le jeu nantais a été statique, stéréotypé, monocorde. En prime, il a souffert d'imprécisions. Or, quand on n'a pas de technique, pas de vitesse, pas d'imagination, pas de changements de rythme, il est bien difficile de surprendre un adversaire, surtout lorsqu'il estime qu'un partage des points suffit largement à son bonheur.
Deux buts coup sur coup
Nantes y est pourtant parvenu une fois, dès la 12è minute. Sur sa deuxième action dangereuse, la première, en tout début de rencontre s'étant révélée improductive. Cette fois, il s'agissait d'un corner. Moullec le tira sur la tête de Pierre qui rabattit le ballon sur Bagayoko. Tir de ce dernier sur un poteau, le ballon ricocha et, embusqué à l'autre montant, Loïc Guillon trouva la faille pour l'expédier au fond des filets. Malheureusement, les Canaris n'eurent pas le temps de vraiment profiter de cet avantage. A peine deux minutes plus tard, Thomas fut mystifié par Biger dont le centre fut repris de la tête par Konate. Ce dernier est grand, sur le coup Maréval avait tout de même manqué de réactivité.
Exagérés ces sifflets
A partir de là, les difficultés nantaises devinrent de plus en plus évidentes. Les Canaris ne parvenaient pas à mettre leur football à l'endroit, malgré les efforts en milieu de terrain de Ricardo Faty et de Loïc Guillon, ce dernier se montrant à son avantage, comme à Troyes. Ce n'était pas le cas en revanche de Dossevi, chargé d'animer le couloir droit. Les deux attaquants Goussé et Bagayoko n'étaient pas eux non plus dans un bon soir alors que Moullec peinait à trouver sa place sur le flanc gauche. Il était à peu près partout sauf au débordement, ou alors en de trop rares occasions. En fait, il se retrouva arrière droit à la 26è minute, Thomas qui avait été touché d'entrée dans un choc avec Biger se résignant alors à quitter le terrain. William Vainqueur en profita pour effectuer son retour dans l'entre jeu, d'abord dans une position reculée, devant la défense.
Ces réajustements n'apportèrent pas de changements réellement notables dans la physionomie de la partie et la pause arriva sans que rien ne soit changé au tableau d'affichage. Elle fut saluée par les sifflets d'une partie du public et on dira que cette réaction nous parut quand même sévère. On connaît les limites de cette équipe, et donc celles des recruteurs, elle est néanmoins en train de ramener le club en Ligue 1, alors elle mérite sans doute mieux que de la réprobation.
« Tony avec nous en D1 »
Il est vrai que le public n'avait pas répondu en nombre, la Beaujoire était à moitié vide (à moitié pleine diront les optimistes) et on aurait pu espérer davantage que 18.577 spectateurs pour un quasiment derby, quelques jours après la belle victoire à Troyes. Ce public avait tout de même eu l'idée de brandir avant le coup d'envoi une banderole où il était écrit « Tony avec nous en D1 ». C'était signé « BL », preuve que nous ne sommes pas les seuls à estimer totalement déplacés les rumeurs croissantes ayant trait au recrutement d'un gardien de but. Il existe sans doute plus urgent à faire et on espère que le staff du club sait lire. A ce propos, on voudrait revenir sur certains commentaires proférés par Jean-Luc Arribart, l'autre jour au micro d'Eurosport. Il ne cessait de nous annoncer la prochaine arrivée d'un nouveau gardien à Nantes, il nous parlait de Carasso (tiens, un Marseillais !), tout en ajoutant que rien n'est encore signé avec lui mais que pourtant un accord est bel et bien conclu avec un gardien. C'était nébuleux, volontairement peut-être. Mais bon sang, Arribart, qui a été joueur pourtant, se rendait-il compte combien ses effets d'annonce, plus ou moins confirmés, étaient désobligeants et déstabilisateurs pour Tony Heurtebis ?
Une partie du public souhaite donc visiblement que ce dernier joue en L1, elle contredit ainsi les options des dirigeants. La pression populaire a parfois du bon, c'est elle qui l'an dernier avait permis de conserver Da Rocha. On n'évoque pas uniquement le cas de Fred par hasard car, sans doute l'avez-vous remarqué, ses absences conditionnent souvent, ces derniers temps, la qualité du jeu fourni par les Canaris. Or, il n'était pas sur le terrain contre Niort...
Tirs au-dessus
La seconde période ne fut pas de plus haute tenue que la première, on put même redouter un moment de voir les Chamois prendre l'avantage. Ainsi Leroy échoua-t-il de justesse face à Heurtebis à la 57è minute. Sur le côté droit, Dossevi était toujours à la peine alors qu'au milieu de terrain Faty évoluait désormais dans la position la plus basse, Vainqueur se tenant à sa droite et Guillon à sa gauche. Ce dernier se trouva à l'origine d'une action qui amorça le réveil nantais : il adressa un centre que Bagayoko reprit de la tête, mais expédia au-dessus de la cible (68è). Il décocha ensuite deux boulets de canon que David Klein vit avec plaisir passer au-dessus de sa transversale (76è,77è). Nantes à cet instant avait repris les affaires en mains, il ne les maîtrisait pas pour autant car les longs ballons en profondeur devenaient de plus en plus nombreux et imprécis.
Vainqueur : entrée et sortie
Et puis Michel Der Zakarian décida de faire entrer David De Freitas. C'était logique de relancer l'ancien Amiénois. Mais qui devait-il remplacer ? Le coach canari désigna William Vainqueur. La décision parut contestable. Vainqueur était en effet sur le terrain depuis moins d'une heure, il a lui-même été longtemps écarté sur blessure et il ne se montrait pas forcément plus maladroit que quelques autres. Il existe de meilleurs moyens pour mettre en confiance un jeune qui demeure en outre l'un des derniers produits de la Maison Jaune à jouer en pro. En tout cas, il le prit mal et il rentra directo au vestiaire, sans passer par la case « je tape dans la main de mon entraîneur et de tous les gars assis sur le banc ». « Il faisait trop de mauvaises passes , » argua Der Zakarian. Eut-il agi de la sorte avec un « vieux » ? Il pourrait nous rétorquer que justement « les jeunes ont besoin d'apprendre le métier... » On se gardera de prendre position, on peut tout de même estimer que la démarche fut un brin maladroite et on espère surtout que Vainqueur ne va pas payer aussi cher que Das Neves, un autre jeune, un autre produit nantais, soumis récemment au même régime.
On verra bien. En attendant, on n'eut plus grand chose à se mettre sous les yeux jusqu'à la fin de la rencontre. Même si Djordjevic, qui avait remplacé Dossevi à l'heure de jeu, fut encore tout près de jouer les jokers gagnants à la 89è minute. Il surgit sur un centre dévié de Guillon mais sa reprise fila à côté du cadre. Nantes dut ainsi se satisfaire d'un point. Son service minimum ne méritait pas davantage.
B.V., le 7 avril 2008