Victoire avec la manière
On peut gagner en Ligue 2, même sur le terrain d'un adversaire direct, en jouant au ballon. Le FC Nantes, qui en a longtemps douté, en a fourni la preuve à Troyes. Certes, tout ne fut pas parfait, il y a eu un peu de déchet, mais le succès des Canaris, tant dans la forme que dans le fond, ne se discute pas. Il a récompensé l'équipe qui était la meilleure, à la fois individuellement et collectivement.
Au stade de l 'Aube, là où Fred Da Rocha avait marqué en 2001 un but qui annonçait le huitième titre, là aussi où Fabien Barthez avait commis l'an dernier sa première grosse erreur, amorce d'une fin de saison cauchemardesque, Nantes a ainsi accompli un pas de plus vers la Ligue 1. Davantage qu'un pas même : un véritable bond tant son avance par rapport au quatrième s'assimile dorénavant à une douve suffisamment large pour le protéger de toute déconvenue. « Il nous faut encore une victoire », estime Michel Der Zakarian. En huit rencontres, les Canaris n'auront aucune peine à l'obtenir.
Faty, Guillon et Dossevi en vue
Ils ont donc rendu une copie très propre à Troyes, à l'image de Ricardo Faty, qui a accompli du bel ouvrage en milieu de terrain et qui trouva en Loïc Guillon un complice suffisamment avisé pour avoir participé à plusieurs actions décisives (dont le deuxième but) et avoir été lui-même à deux doigts de marquer. Thomas Dossevi s'est également montré à son avantage, le tandem Guillon-Dossevi fut d'ailleurs à l'origine de la première action dangereuse des Nantais. Le premier adressa un ballon en profondeur à destination du second qui centra de la droite à destination de Bagayoko. C'était bien joué mais Faye s'interposa au dernier moment devant l'attaquant canari et put écarter le péril.
La partie était alors entamée depuis un quart d'heure et plus les minutes passaient mieux les Nantais posaient leurs pieds sur les débats, ils récupéraient souvent assez haut un ballon dont les Aubois éprouvaient de plus en plus de mal à voir la couleur. Nantes jouait bien et si Thomas avait été à l'unisson de ses copains, tout aurait été presque parfait.
Heurtebis sur la sellette
Les Troyens avaient cependant compris que le flanc droit de la défense nantaise constituait son maillon faible et en fin de première période, alors qu'ils reprenaient du poil de la bête, ils s'y aventurèrent de plus en plus volontiers, à l'image de Danic. Juste avant la pause, Thomas commit d'ailleurs une faute assez inutile qui fut sanctionnée d'un coup franc sur lequel Noro testa la vigilance de Tony Heurtebis.
Le gardien nantais repoussa des deux poings, confirmant sa sûreté. A l'heure des bilans, dans deux mois, il ne faudra pas oublier qu'il a tenu un rôle non négligeable dans l'opération remontée, montrant à retardement à Roussillon, Gripond et N'Doram combien ils avaient été « légers » en allant chercher à Belgrade un gardien inférieur à celui qu'ils avaient sous la main. Triste mais implacable leçon qui vaut aussi pour ceux qui s'enthousiasmèrent prématurément et bêtement lors de l'engagement du retraité Barthez. Heurtebis, 33 ans, deux de moins que Coupet, a d'autant plus de mérite aujourd'hui à continuer à se montrer irréprochable que dans les coulisses on murmure que son sort est déjà réglé et que son successeur est engagé. C'est sans doute ce qui s'appelle mettre les joueurs en confiance et, décidément, entre la direction actuelle et la précédente il n'y a rien de changé. La philosophie et les méthodes restent identiques.
Bagayoko marque
La seconde période faillit débuter par un coup de théâtre, en l'occurrence un boulet de Loïc Guillon. Le ballon, dévié du bout des gants par Merville, ricocha sur la barre puis sur le gardien troyen, il ne pénétra pas dans les filets. Ce tir constitua le départ d'une très bonne période nantaise. Dossevi, servi par Da Rocha, échoua face à Merville (55è) puis il alerta Bagayoko qui se présenta seul face au dernier rempart troyen. Baga rata la cible (57è).
Le Malien n'était pas très heureux, l'une de ses mauvaises passes déboucha même sur un contre au terme duquel Bettiol botta de peu à côté (63è). Mais il se rattrapa à la 65è minute. Servi une nouvelle fois par Dossevi, qui s'était échappé sur l'aile droite, il pivota et décocha du gauche un tir qui laissa Merville impuissant.
Nantes menait 1-0 et c'était amplement mérité. Par la suite, surtout après les sorties de Dossevi (72è) et de Da Rocha (78è), il eut tendance à gérer. Les Troyens ne se montrèrent pas pour autant vraiment inquiétants, sinon à la 83è minute lorsque, suite à un corner mal tiré par Moullec, dont la rentrée fut peu convaincante, et d'une erreur de Pierre, Meslin s'offrit une contre-attaque de grand style sur la gauche. Il la conclut par un centre à destination de Kébé. Lequel, bien qu'idéalement placé, manqua l'objectif.
Dans les mémoires
Ouf ! Le mieux pourtant est que les Nantais n'en restèrent pas là. Durant les arrêts de jeu, le joker Djordjevic, qui avait remplacé Bagayoko à la 83è minute, frappa de nouveau. Ce fut en l'occurrence au bout d'une très belle action. Maréval démarra, s'appuya sur Guillon qui lui remit le ballon, et il centra pour le jeune Serbe qui fit mouche.
C'est un but qui mérite de rester dans les mémoires. Parce qu'il fut joli, on l'a dit. Et aussi parce qu'il scella le sort d'une rencontre qui pour Nantes est l'une des plus convaincantes de la saison et qui restera, du moins on veut l'espérer, comme celle où le retour en Ligue 1 a été assuré.
Si Waldemar Kita est un homme de parole, Michel Der Zakarian devrait bientôt se voir présenter une prolongation de contrat. A l'heure des commentaires, le coach nantais tint à souligner la valeur de la performance et à noter que Nantes était tout près du but, « malgré les critiques qu'il a souvent reçues. » C'est vrai. Mais il nous semble que Der Zak a lui-même reconnu, plusieurs fois, que la qualité du jeu laissait à désirer.
B.V., le 1er avril 2008