Vendredi soir, La Beaujoire sonnait bien creux. Les spectateurs et supporteurs nantais n'étaient qu'un peu plus de 16 000, tandis que sept courageux dijonnais avaient pris place dans le parcage adverse. Rien à voir donc avec l'engouement populaire qui avait contribué à remplir l'enceinte nantaise mercredi pour la déroute marseillaise face aux voisins amateurs de Carquefou. Raynald Denoueix était resté chez lui (1), Pascal Praud ne dirait pas à nouveau qu'il « s'était levé comme un seul homme » (2) et David Phelippeau, journaliste à 20 minutes, ne se risquerait pas à défiler en tenue d'Adam sur la place Saint-Pierre (3).

A la mi-temps le public siffle ses joueurs.
Il est vrai qu'il n'y avait pas grand pari à tenter sur ce Nantes / Dijon, même si les Canaris nous ont habitué au pire ces dernières semaines sans jamais toutefois se faire réellement enrhumer. Si on sentait encore un parfum de Carquefou, c'était davantage la traduction d'un climat d'amertume. Comme si le public de La Beaujoire s'attendait, en cas de nouvelle désillusion, à faire payer à ses protégés le manque de spectacle, de passion et de joie. Autant d'émotions que leur son voisin carquefolien avaient su condenser en 90 minutes deux jours plus tôt. Les sifflets et les huées qui descendirent de la Beaujoire à la mi-temps s'inscrivaient sans doute davantage dans ce ressenti. Certes Nantes ne menait pas à la pause puisque Schumacher avait égalisé pour Dijon en toute fin de première période. Cependant les Nantais avaient livré une copie intéressante et, surtout, sans commune mesure avec les précédentes. Les sifflets n'étaient donc pas mérités.

Bagayoko et Goussé à nouveau associés à la pointe de l'attaque
En cette deuxième partie de saison il se confirme que Michel Der Zakarian est désormais partisan du turn-over. On regrette qu'il n'en fut pas ainsi plus tôt et que certains joueurs, pour la plupart prêtés lors du mercato d'hiver, n'aient pas eu davantage de considération. Ainsi, devant, Goussé et Babovic remplaçaient Dossevi et Capoue. C'était l'occasion pour le coach nantais de retrouver à la fois son duo d'attaquants de début de saison, avec le retour de suspension de Bagayoko, et son organisation en 4-4-2 véritable, avec Moullec placé à droite tandis que Vainqueur se retrouvait 17ème homme. Au milieu, en l'absence de Shereni blessé, les jaunes enregistraient le retour de leur capitaine Frédéric Da Rocha associé pour la première fois à Ricardo Faty. En défense l'assise restait la même et Thomas conservait son poste de latéral droit au dépend de Das Neves chargé d'un rôle de leader samedi en équipe réserve. Bekamenga y fera ses premiers pas à l'extérieur contre Châtellerault.

Totale domination nantaise lors du premier quart d'heure
L'entame des Canaris est plutôt convaincante. Da Rocha dans un rôle de relayeur au milieu se rend disponible et meneur. Le ton est d'ailleurs donné dès la première minute. Moullec, parti sur les chapeaux de roue, frappe de peu à coté des buts de Perraud. Cinq minutes plus tard, c'est Goussé, servi par Moullec, qui frappe à coté tandis que Babovic se trouvait en position idéale dans l'axe. Goussé récidive encore (8') mais sa frappe cette fois est contrée. C'est ensuite Da Rocha qui s'exerce de loin sans plus de réussite (10').

La mire n'est donc pas bien réglée en ce début de rencontre, mais les Dijonnais ne savent plus vraiment où donner de la tête et usent parfois d'expédients à l'image de ce carton infligé à Zywiecki (8'). Sans relâcher leur domination les Nantais desserrent toutefois peu à peu leur emprise sur le jeu durant une dizaine de minutes, avant de se remette à l'ouvrage à proximité du but adverse, comme en témoigne leur première occasion nette après 20 minutes. A la suite d'un ballon intercepté, Bagayoko sert Goussé dans la profondeur. Celui-ci prend le meilleur sur deux adversaires et frappe en bout de course. Le très bon Perraud, sorti au devant de l'attaquant nantais, se détend et écarte le danger (21'). Cinq minutes plus tard Thomas dévisse un centre qui flirte avec la transversale du but dijonnais. Cette action presque anodine va en inspirer une autre…

Schumi répond à Faty
En effet à 5 minutes de la pause, Da Rocha joue rapidement un coup franc coté gauche et sert Mareval. Son centre trouve Moullec à l'opposée. L'ex-Lorientais est fauché mais monsieur Falcone est inspiré et laisse l'avantage. Le ballon parvient en effet à Faty qui, comme Thomas quelques minutes plus tôt, tente alors un centre piqué. Le ballon lobe finalement Perraud avant de terminer dans la lucarne opposée. L'ouverture du score bien qu'heureuse n'en est pas moins logique (39'). La joie est pourtant de courte durée puisque Babovic, empêtré dans ses dribbles, veut récupérer un ballon qu'il vient de perdre dans son propre camp et en direction de son but. Son tacle, semelle en avant, n'est pas du goût de monsieur Falcone. Petit effet grande conséquence, le coup franc frappé par Linarès atterrit sur la tête du jeune molosse brésilien Maier Dos Santos alias Schumacher qui prend le meilleur sur Poulard, tandis que Heurtebis est resté sur sa ligne. Le ballon finit au fond des filets. C'était la première action offensive des Dijonnais. Schumacher dont le nom n'est pas plus brésilien que son allure et son jeu peut exulter. Après une dernière tête de Goussé au-dessus , monsieur Falcone siffle la pause. La Beaujoire choisit elle de siffler son équipe… Injuste et triste, on le répête.

Bagayoko transforme un pénalty généreux
Au retour des vestiaires, les Nantais obtiennent leur deuxième grosse occasion de la rencontre. Moullec est au corner. Pierre, au second poteau, remise de la tête pour Bagayoko. Le Malien contrôle et reprend en demi-volée. Le ballon heurte l'intérieur du poteau avant d'être dégagé difficilement sur la ligne en corner (54'). Dijon réplique deux minutes plus tard et profite d'une mauvaise intervention de Pierre. Heurtebis remporte heureusement son face à face contre Mangione. Puis Guillon, parfait depuis son entrée en jeu à la place de Maréval blessé (53'), place de 25 mètres une belle frappe décroisée qui passe de peu à coté (59'). Il s'en suit quelques approximations qui font gronder le public de La Beaujoire jusqu'au penalty accordé généreusement par monsieur Fautrel, lorsque Goussé est déséquilibré dans la surface alors qu'il s'apprête à plonger au premier poteau à la réception d'un centre de Babovic (67'). Bagayoko qui n'a plus marqué depuis 20 journées, se charge de transformer l'aubaine.

La décision de l'arbitre met Faruk Hadzibegic en colère, à tel point qu'il est exclu à 5 minutes de la fin. Entre temps, son équipe tente de refaire son retard et laisse des espaces dont les Nantais ne profitent pas en contre, souvent par excès d'individualisme (Djordjevic 87', Dossevi 88'). On note toutefois une nouvelle frappe de Bagayoko détournée au-dessus de sa transversale par Perraud (83') ou une reprise de Faty contrée (90'). Dans le temps supplémentaire les Nantais tremblent pourtant lorsque Mandane se présente seul face à Heurtebis (90+1'). Mais une fois encore le portier nantais se montre le plus prompt et écarte le danger, non sans avoir goûté aux crampons de l'attaquant dijonnais.

Nantes a été convaincant et mérite sa victoire. Il n'a pas non plus déjoué quand il a mené au score, contrairement à ce qu'on avait pu observer durant les dernières rencontres. Michel Der Zakarian a rappelé que les joueurs voulaient aller chercher le titre. Il s'agit de mobiliser ses troupes pour cette fin de saison. Le Havre mérite sans doute davantage cette distinction, mais il faut bien garder tout son monde concentré quand les bruits de transferts se propagent sans secret, jetant le doute sur l'avenir d'une équipe qui aura tout de même eu le mérite de remonter en Ligue 1.

F.P., le 24 mars 2008