« I don't like mondays »
« Vivement dimanche », c'est un film noir et blanc au temps de la couleur, une histoire série noire de Truffaut. C'est la quête du coupable pour la résurrection de la victime que tout accuse. La victime connaît le coupable. Analogie, à Nantes depuis le début de saison, la victime c'est le jeu. La série noire, à force de petites morts, c'est son absence. Nous avions écrit que les choix de cet été allaient conduire à l'enterrement de ce qui fit les beaux jours du FC Nantes, quand nous pensions qu'au contraire il fallait profiter du purgatoire pour se reconstruire et se retrouver. Le scénario et la mise en scène n'étaient que trop prévisibles. Ils perdurent de semaines en semaines avec une direction d'acteurs à l'avenant et une musique de lundi triste. On pense à Bob Geldorf et ses Boomtown Rats : « I don't like mondays » définitivement. Un titre à conseiller aux décideurs d'Eurosport, fervents promoteurs de la grisaille nantaise.
Dimanche au jeu des jeunes
Le dimanche ce sera aussi journée de Ligue 1 la saison prochaine, mais ça n'est pas à ce rendez-vous là que nous pensons. Ce sera une autre histoire que s'apprête à écrire déjà des scénaristes qu'on ne sent pas plus inspirés que ceux de l'été dernier, malgré des moyens sans commune mesure. Dimanche prochain à La Beaujoire, entrée gratuite, les jeunes 18 ans disputeront leur 8ème de finale de la coupe Gambardella. Ils affronteront Le Havre, un adversaire redoutable, sans doute plus fort que les précédentes victimes des jeunes canaris, Le Mans et Guingamp. Pour vibrer un peu, pour se reconnaître un peu dans ce FC Nantes qu'on continue de supporter contre toute logique, c'est ce rendez-vous là que l'on attend. Un spectacle plus raffraichissant que les habituels navets de la Ligue 2
Goussé n'est pas entré en jeu
Car, invariablement, la mise en scène ne change pas et la direction d'acteurs est sans effet sur le jeu. Michel Der Zakarian qui n'a rien d'un Truffaut, déroule la même bobine d'un lundi à l'autre. Comme face à Grenoble, pour un résultat qui aurait pu être à l'identique sans le sursaut salvateur des Gueugnonnais, il a tenté une sorte de pari hybride en 4-3-3 à géométrie variable, avec un coté droit dégarni et pas joueur, où Dossevi prenait le rôle que Goussé avait tenu une semaine plus tôt. Tantôt à droite, tantôt vers l'axe, le Togolais essayait d'apporter un peu de soutien à Djordjevic. Au milieu, un triangle se dessinait poussivement avec Faty derrière dans l'axe, Vainqueur et Shereni, plus haut, à droite et à gauche. Enfin rien de nouveau du coté des lignes défensives où les seconds rôles s'échangent le poste d'arrière droit. Thomas s'y accrochant s'en faire oublier la raison pour laquelle il obtint le privilège d'aller se ressourcer en réserve. Sur le banc Babovic et Moullec attendent leur tour. Goussé, figurant d'un soir, ne rentrera finalement pas. A 11 contre 10 c'eut sans doute été trop risqué…
Rien avant le penalty de Dossevi
La mise en bouche fut la copie conforme de celle de ces dernières semaines. Nantes ne tarde plus à entrer dans ses matchs. Il y a du pressing, de l'engagement. C'est agressif, ça bouche les espaces et ça essaye de remonter rapidement le ballon. Ça essaye seulement. C'est poussif et la maîtrise technique n'est pas au rendez-vous. Ça n'est pas nouveau. Sans Da Rocha et De Freitas c'est d'autant plus difficile. Qu'importe. L'adversaire ne doit pas prendre confiance en cantonnant les Jaunes dans leur camp. Il s'agit de le faire déjouer. Ce Nantes là maîtrise le domaine.
Face à Grenoble, Shereni avait transformé la première occasion à la suite d'un corner. Cette fois c'est grâce à un penalty de Dossevi que Nantes a conjugué son efficacité. La faute a été commise sur Djordjevic, fauché après un joli contrôle orienté dos au but consécutif à une passe en profondeur de Capoue (15').
Les Nantais, pas dangereux jusque là, vont dès lors s'approcher plus régulièrement du but adverse, tandis que les Gueugnonnais accusent clairement le coup durant un quart d'heure. Ils sortent malgré tout de leur torpeur et inquiètent pour la première fois Heurtebis, obligé de boxer un ballon dangereux devant Vincent (33'). La mi-temps intervient avec autant de bonnes intentions que de mauvaises passes.
Gueugnon réagit
Durant le quart d'heure de repos, les forgerons méditèrent sans doute l'invraisemblance entre les points et les places qui les séparent des Nantais au classement et la pâle prestation le leurs prestigieux adversaires. Réorganisés au retour des vestiaires, ils pensent dès lors pouvoir offrir le visage du petit poucet qui mange l'ogre. Exceptionnellement télévisés, ils savent ce scénario aguicheur. Comme un adieu joli à la Ligue 2 pour un doyen fidèle.
Nantes contre
Ainsi Poulard stoppe une action dangereuse de l'ex-Sedanais Barry (50'). Mais cette petite domination territoriale profite pourtant aux contres nantais. Shereni (49') puis Dossevi (55') s'essayent à la frappe sans succès. Une minute plus tard, Nantes obtient sa seule occasion de la rencontre. Shereni bien servi par un timide Vainqueur, voit sa reprise repoussée sur sa ligne par Peiser (56'). Gueugnon réplique dans la foulée mais Heurtebis reste vigilent.
Un second penalty non sifflé
Rien de bien palpitant, d'autant que le match retombe peu à peu dans la torpeur du premier épisode, malgré les entrées en jeu de Moullec et Babovic, à la place de Vainqueur et Dossevi. A un quart d'heure de la fin, Djordjevic aurait même du bénéficier d'un second penalty lorsque sa tentative excentrée fur repoussée du bras par Mouyokolo. C'eut été sans doute trop cruel, d'autant que les Gueugnonnais évoluaient depuis 3 minutes à 10 contre 11. L‘énervé Grégory ayant été reconduit au vestiaire après un deuxième carton jaune.
Heurtebis retarde l'échéance jusqu'à la dernière minute fatale
Comme cela se produit régulièrement, l'équipe en infériorité numérique trouve les ressources pour se rebiffer contre le mauvais sort, tandis que l'adversaire ne sait que faire d'un butin trop beau pour lui. Dès lors, Nantes, pas clairement réorganisé pour profiter de sa supériorité, semble tétanisé. La question de gérer ou d'attaquer ne semble même pas l'effleurer car il subit les assauts adverses et se montre incapable d'aligner trois passes de suite. Heurtebis arrête un premier ballon du remuant Marty (81') et récidive 5 minutes plus tard face à Barry. Arrivé à la dernière minute du temps supplémentaire, le gardien nantais, abandonné par sa défense, ne peut rien sur la superbe reprise de l'entrant Kharbouchi (90+3). Le ballon heurte la base inférieure de la transversale avant de rebondir derrière la ligne. Gueugnon tient son point arraché de haute lutte. Il l'a mérité.
Après Dijon, une bouffée d'oxygène avec les jeunes
Malgré cette évidente contre performance, Nantes conserve de l'avance au classement sur le 4ème. En terme de jeu, il repousse toujours plus loin les limites de l'indigence. Prochain épisode vendredi à La Beaujoire face à Dijon. Nantes creusera encore un peu plus son accession et on se dira que Dimanche ne pourra qu'être une bouffée d'oxygène. Les jeunes nantais, ceux qui ont été formés là où tant d'illustres aînés ont grandi dans une même philosophie, nous feront peut-être oublier un moment la purge que constitue cette saison en Ligue 2. Il s'agira d'un match à élimination directe, mais on espère que l'enjeu ne tuera pas nos espoirs de voir un petit peu de jolis mouvements synchronisés et beaucoup de jeunesse, avec à la clé, pourquoi pas, du plaisir enfin !
F.P., le 18 mars 2008
GUEUGNON - NANTES 1-1 (0-1).
Arbitre: R. Buquet. 3507 spectateurs.
Buts : Dossevi (16', sp) pour Nantes; Kharbouchi (90'+2') pour Gueugnon.
Avertissements : Vainqueur (62'), Faty (70') à Nantes; Grégori (65'), Bertin (89') à Gueugnon.
Expulsion : Grégori (72') à Gueugnon.
FC Gueugnon : Peiser - Genevois, Correia, Mouyokolo, Bernardet - Marty (puis Kharbouchi, 81'), Maurel, Gregori, Barry - Dos Reis (puis Bertin, 76'), Vincent (puis Louhkiar, 46'). Joueurs non utilisés : Tangara, Cissokho. Entr. : Alex Dupont.
FC Nantes : Heurtebis - Thomas, Pierre, Poulard, Maréval – Faty, Vainqueur (puis Moullec, 62'), Shereni - Dossevi (puis Babovic, 62'), Djordjevic, Capoue. Joueurs non utilisés : N'Dy Assembé, Guillon, Goussé. Entr. : Michel Der Zakarian.