« Il faut oublier l'innovation et repartir à la base ». « Quand on n'a pas les moyens d'innover, on n'innove pas et on reste simple ! » « On n'achète pas des joueurs pour les mettre sur le banc. » Telles étaient les petites phrases « bienveillantes » de l'omniscient Kita à l'adresse d'un entraîneur qui jouait en partie son avenir à la tête du FC Nantes à Brest hier soir.
Entraîneur-président contre entraîneur-fusible
Michel Der Zakarian avait-il reçu le message présidentiel 5 sur 5 lors de la préparation de la rencontre et au moment de coucher 16 noms sur sa liste ? Pas sûr. On espère surtout que ça n'est pas le cas. Car l'entraîneur-président – Qui a vu son diplôme ? Il l'a obtenu comment et dans quel pays ? Quel degré et pour quelle équivalence en France ? – n'a pas à se mêler de technique. C'est une règle d'or. Une règle répétée par son dandy-communicant, Pascal Praud : « la technique aux techniciens ! ». Une règle qui n'a pourtant plus court sur les bords de l'Erdre. Il est vrai que lorsque Kita martèle à qui veut l'entendre sa contre-vérité favorite « Je paye donc je décide », il n'est pas prêt de laisser un sous-fifre en survêtement risquer de couler ses ambitions.
« Faty ? Connais pas »
Michel Der Zakarian avait montré un tant soi peu d'indépendance lorsqu'il avait déclaré courageusement « Faty ? Connais pas », laissant entendre à raison qu'il n'avait plus voie au chapitre en matière de recrutement. Qui peut d'ailleurs croire le contraire si l'on compare ses choix de début de saison : des joueurs confirmés rompus aux durs combats de la Ligue 2 pour des dépenses mesurées, avec les onéreuses jeunes recrues en devenir du clan Kita ?
Faty et Djordjevic buteurs
Il n'empêche que Ricardo Faty s'est rapidement distingué hier soir en ouvrant la marque pour les Canaris. C'était à la suite d'un corner de De Freitas. Un corner consécutif à une grosse occasion amenée par un renversement de jeu millimétré de Moullec, pour un enchaînement de toute beauté de Babovic, à la conclusion duquel Bagayoko plaça une tête détournée superbement en corner par Steeve Elana, le gardien brestois. Quant à Djordjevic, la suite de la rencontre à montré qu'il fut bien inspiré de conclure brillamment un bon mouvement de Mareval.
Masson mieux que Babovic
Voilà une réussite conjuguée qui devrait accélérer l'intégration des nouveaux et faciliter ainsi le travail de Michel Der Zakarian, lequel avait beaucoup tâtonné depuis la reprise face à des adversaires il est vrai plus talentueux que les Finistériens. Placer Babovic à gauche semblait l'évidence. Il s'y est enfin résolu, quand bien même le jeune serbe a souffert de la comparaison avec son homologue brestois François Masson.
Shereni sur le banc
Avec De Freitas et Faty dans l'entrejeu et le duo Guillon, Das Neves, en remplacement des blessés Pierre et Poulard, tandis que Shereni prenait place pour la première fois de la saison sur le banc, le secteur défensif nantais s'est montré à son avantage et a surtout permis de mieux tenir le ballon et de mieux relancer à partir des bases arrières. Le système ressemblait davantage à ce qui se faisait en début de saison et il n'est sans doute pas étranger à la bonne entame des Canaris. On notera cependant que les Brestois eurent plusieurs fois l'occasion de marquer et que Heurtebis eut le bonheur de voir quelques ballons passer du mauvais coté de ses poteaux. Autant, nous l'avons dit, il ne fallait pas crier au loup du fait des derniers mauvais résultats, autant il ne faut pas croire trop vite que les Canaris ont déjà tout solutionné. Les prochains matchs contre Bastia et Sedan continueront d'être des révélateurs des ambitions nantaises pour la fin de saison.
Le jeu et les joueurs
Heurtebis (6) : Bon match dans l'ensemble, malgré une ou deux sorties limites. Un jeu au pied précis et un ou deux arrêts décisifs, notamment sur une frappe puissante de Poyet. Il a eu la chance que les attaquants adverses trouvent rarement le cadre sur de trop nombreuses opportunités.
Moullec (5.5) : Toujours très en jambe et très batailleur, il a été bien meilleur que lors de ses dernières apparitions. Notamment car il a perdu moins de ballons et a joué plus juste. Il a participé à l'action qui amène l'ouverture du score par une superbe transversale vers Babovic. Il a tout de même souffert face à des ailiers brestois difficiles à contenir, à l'image de l'action de Masson qui amène la réduction du score de Poyet.
Das Neves (6) : Match très propre, sérieux et concentré pour le jeune nantais. Il a donc rassuré après sa prestation moins heureuse à Clermont. Bon sur l'homme et souvent bien placé, il n'a quasiment rien laissé passé dans sa zone. Il est par ailleurs soucieux de bien relancer quand c'est possible.
Guillon (5) : Auteur d'une prestation correcte, avec quelques trajectoires bien « coupées », il a malgré tout été pris à défaut une ou deux fois par Socrier. Ce fut sans conséquence en fin de première période mais pas en fin de match lorsqu'il perd un duel aérien qui s'avéra décisif pour les Brestois. Son entente avec Das Neves fut malgré tout quasi irréprochable notamment au niveau de l'alignement défensif, tandis que les Canaris semblaient avoir décidé de jouer plus haut que d'habitude. Son jeu de passe fut appliqué et propre. Pour l'anecdote il retrouva le brassard de capitaine après la sortie de Da Rocha.
Mareval (5.5) : Il a eu beaucoup de mal à entrer dans le match, cédant à son pêcher mignon de trop se livrer. Il commit alors de nombreuses fautes. Il se reprit par la suite et coupa lui aussi des trajectoires derrière ses défenseurs centraux. L'une d'entre elles aurait d'ailleurs pu lui coûter un penalty... Toujours affûté, il fut plus tranchant en seconde période et est à l'origine du second but nantais, après un bon travail préparatoire ponctué d'un centre parfait.
De Freitas (6) : Excellent et très intelligent en première période que ce soit à la récupération, souvent haute, et dans l'orientation du jeu, il fut plus sur la défensive après le repos. Il frappa parfaitement un corner pour l'ouverture du score de Faty. Avec un De Freitas à ce niveau, dans l'entrejeu, le FC Nantes se bonifie sacrément.
Faty (5.5) : Bien entré dans le match, il eut le bonheur de marquer le premier but d'une reprise de la tête au premier poteau. On apprécia qu'il aille tout de suite saluer le centreur. Ses grands compas lui ont permis de récupérer de nombreux ballons dans les pieds adverses. S'il a tenu toute la partie sans montrer trop de signe de fatigue, il a par contre du mal à répéter les efforts plus poussés. Il manque encore de rythme pour apporter tout ce dont il semble capable et rayonner davantage dans l'entrejeu.
Da Rocha (4.5) : Comme à son habitude, il a beaucoup travaillé, notamment dans le replacement défensif et dans les relais au milieu. Sur la durée il a quand même semblé plus à la peine qu'à l'accoutumée. Il a aussi moins pesé sur un jeu qui penche toujours à gauche. Il fut remplacé par Shereni qui se signala en dégageant de la tête un ballon chaud au second poteau.
Babovic (5) : Il a beaucoup tenté et s'est bien battu sur son coté gauche. Mais au final il n'a pas réussi grand chose, si ce n'est un débordement ponctué d'une centre parfait sur la tête de Bagayoko en première période. A sa décharge, on a eu l'impression que Brest lui avait concocté un traitement tout particulier. Il eut en effet souvent deux à trois joueurs sur le dos, sans parler des nombreux coups qu'il a reçu.
Capoue (4.5) : Associé à Bagayoko, on comprit rapidement qu'il devait tourner autour de son pote malien pour foncer dans la profondeur à la récupération des déviations. Cela gêna assurément la défense adverse qui usa parfois d'expédients à son encontre. Cela ne justifie pas pour autant un nouveau geste méchant de l'ex-Romorantin, qui aurait encore pu obtenir un carton rouge plutôt qu'un simple avertissement pour une vilaine semelle sur Bigné. Monsieur Auriac, peu aidé par son juge de touche, le priva d'un but valable pour l'ouverture du score. Il fut remplacé par Djordjevic qui a démontré ses qualités de joueur de surface en marquant son premier but en jaune à la réception d'un centre de Mareval.
Bagayoko (5) : Parfaitement entré dans le match, on eut l'impression de retrouver le Bagayoko du début de saison. Il eut d'ailleurs l'opportunité d'augmenter son capital but sur une tête à la réception d'un bon centre de Babovic. Mais le gardien adverse en décida autrement. Il obtint son lot habituel de coup-francs, mais pesa de moins en moins dans le jeu au fur et à mesure que le match avançait.
Sekour remplaça le Malien en toute fin de match.
F.P., le 12 février 2008