Occasions ratées...
Centre de Maréval. Un défenseur auvergnat renvoie n'importe comment, directement en tout cas dans les pieds de De Freitas. Ce dernier tente sa chance. A côté. «  J'aurais dû m'appliquer davantage, concèdera-t-il. Mais ça va tellement vite ! J'ai vu les Clermontois monter, je me suis dit qu'il valait mieux tirer tout de suite, sans contrôler.  » On joue la 52è minute, le score est de un partout et Nantes vient de laisser échapper l'occasion de prendre l'avantage.

Corner de De Freitas. Bagayoko se détend et reprend le ballon du dessus de l'épaule droite. Le stade retient son souffle. Mickaël Fabre, gardien de Clermont, ancien pensionnaire de la volière des Canaris, se détend et dévie superbement en corner. Les chronos indiquent 68 minutes de jeu, le score est toujours nul et Bagayoko, désolé, se prend longuement la tête entre les mains.

Contre-attaque lancée par Goussé. Bagayoko fonce vers la cage de Fabre. Goussé s'est replacé sur sa gauche, il court, attendant la bonne munition. Le Malien choisit mystérieusement de donner le ballon à droite. Il n'y a personne. On en est à la 70è minute, Nantes semble avoir le match en mains mais il n'a pas toujours pas pris l'avantage.

...Et but de Clermont
Une minute plus tard, Hamdani part dans le dos de Moullec, pris de vitesse, il fonce sur l'aile gauche, esquive Poulard accouru à la rescousse, centre sur Victor Mendy que Moullec n'a pas pu rattraper. Das Neves, aspiré trop haut, n'est pas revenu, Maréval est trop loin. But ! C'est rageant mais c'est Clermont qui mène 2-1. Contre le cours du jeu, c'est évident. Nantes peut vraiment se maudire de n'avoir pas su exploiter les opportunités qu'il s'est créées. Il peut déplorer aussi, une fois de plus, la lenteur de sa défense.

C'est donc un match à leur portée que les Canaris ont perdu, face à une formation qui, tout de même, possède des qualités, pratique un football dynamique et n'occupe sans doute pas la quatrième place tout à fait par hasard. Clermont est l'une des équipes en forme du moment, elle est d'ailleurs devenue, dans l'optique de la montée, le principal adversaire de Nantes puisqu'elle le suit à 8 longueurs, avec un match en moins. Au Havre c'est vrai, c'est à dire qu'il n'est pas gagné mais comme Nantes a devant lui un calendrier immédiat assez délicat à négocier il est clair que cette défaite en Auvergne peut engendrer des retombées négatives.

Il n'y a pas le feu
Cela dit, on ne va pas aller plus vite que la musique. Nous n'avons jamais considéré qu'un championnat est terminé à l'issue des matches aller, pour nous le FCN n'a donc jamais été à coup sûr de retour en 1ère division. Sur ce point, nous sommes d'accord avec Michel Der Zakarian qui a toujours prêché la circonspection.

Mais il ne faut pas non verser d'un extrême à l'autre. Ce n'est pas parce que le FC Nantes a concédé sa troisième défaite en 21 rencontres que le feu s'est soudain déclaré. L'inénarrable philosophe Thierry Rolland le disait souvent : « il vaut mieux avoir un but d'avance qu'un but de retard » et donc huit ou cinq points d'avance que deux de handicap. La position des Jaunes demeure solide et perdre chez le quatrième n'a rien d'infâmant. D'autant que nous les avons souvent vus jouer cette saison beaucoup plus mal qu'au stade Gabriel-Montpied, lequel avait été le théâtre du premier match de Serge Le Dizet en tant qu'entraîneur. C'était il y a trois ans et quand on voit toutes les catastrophes et les dirigeants de pacotille qui se sont succédés depuis on a l'impression que l'événement date d'un demi-siècle. A l'époque, Nantes, malgré le travail de sape de Croquemort Gripond, possédait encore des forces vives, une âme et tous les joueurs formés en son sein n'étaient pas au mis au ban par un directeur sportif qui semble davantage porté vers le commerce que le football, à moins qu'il ne confonde les deux activités.

Un départ laborieux
En fait, c'est surtout son premier quart de match que Nantes a raté. Mis sous pression, désarçonné par les longues passes et les courses de démarquage des attaquants auvergnats, il prit l'eau à l'image de Poulard et de Moullec. L'ancien Brestois a énormément souffert face à Victor Mendy, dont le profil n'est pas sans rappeler celui du Boulonnais Grégory Thil et quand Clermont eut ouvert la marque on craignit un instant que Nantes ne connaisse un sort qui rappellerait le naufrage subi sur les rives de la Mer du Nord. Heureusement, il n'en fut rien, Nantes cette fois a su réagir et faire bonne figure, à défaut de ramener des points.

Ce premier but survint dès la 9è minute, il arriva, à la suite d'une remise en touche « vaseuse », du côté de Maréval, pas toujours très vigilant sur le plan défensif. Poulard avait certes essayé de se transformer en pompier il n'avait pourtant pu empêcher le centre de Marveaux. Mendy, seul, bondit si haut que Moullec parut soudain un nain. Sa reprise du crâne, magistrale, ne laissa aucune chance à Heurtebis.

Un vent violent
Les Nantais mirent un certain temps pour se remettre de ce coup de tête et leur défense continua à donner de la bande, sur les côtés donc mais aussi dans l'axe où Das Neves se montra plus à l'aise que Poulard mais démarra un peu trop lentement. Les corners clermontois, rentrants à cause du vent violent qui balayait le stade et rendait la construction difficile, constituaient une autre source de danger alors qu'au contraire les Canaris négociaient très mal les coups francs dont ils bénéficiaient. Peu à peu pourtant le jeu s'équilibra. Der Zakarian avait mis en place en milieu de terrain un triangle formé par De Freitas, pointe défensive, Da Rocha (à droite) et Shereni (à gauche) et il se mit doucement en branle. Il fonctionna même mieux lorsque De Freitas et Shereni interversèrent leurs rôles. En attaque, Goussé était en pointe, un peu trop isolé, alors que Babovic évoluait à droite où on s'aperçut vite que son pied droit, justement, possède des limites tandis que Capoue s'était positionné à gauche. Il y faisait preuve d'une louable combativité, insuffisante toutefois pour compenser son manque de maîtrise tactique et technique.

Nantes se reprend, contrôle, égalise
A partir de la 25è minute, Nantes ne subit plus le jeu, il s'empara même progressivement des commandes de la rencontre, sans réussir toutefois à se créer des occasions. Fabre n'effectua sa première intervention qu'à la 33è minute sur un coup franc qui, ayant sanctionné une faute sur Capoue, fut tiré par De Freitas. Peu après Babovic ne sut conclure une belle action Maréval – De Freitas, mais plus le temps passait et mieux Nantes contrôlait les opérations. Avec un peu plus de mouvements, de synchronisme, d'assurance technique (mais répétons-le, le vent ne favorisait pas les échanges), il aurait pu revenir plus vite à la hauteur de son rival. Reste qu'il jouait plutôt bien, sur certaines séquences il se montrait même séduisant. C'était bien. Dans ces conditions, l'égalisation finit logiquement par arriver, alors que les arrêts de jeu de la première période étaient entamés. Elle fut signée Da Rocha. Nantes avait hérité d'un énième coup franc et cette fois De Freitas le tira à la perfection si on veut bien considérer que le défenseur clermontois Abdoulaye eut la bonne idée de mettre Das Neves hors-jeu mais pas Da Rocha qui survint dans l'axe et effectua une superbe reprise qui fit mouche. C'était certes un but sur coup de pied arrêté, on n'avait toutefois guère envie de faire la fine bouche tant c'était mérité et Da Rocha alla partager goulûment sa joie avec Bagayoko, qui attendait son heure sur le banc.

Jeu trop long en fin de match
Nantes en seconde période, on l'a dit, assura encore plus sa domination, il conduisit souvent le jeu mais il ne sut pas, par maladresse ou précipitation, concrétiser ces bonnes intentions au tableau d'affichage. Et c'est lui qui finit par se faire surprendre, en contre, de la façon décrite tout à l'heure.

Il restait alors une vingtaine de minutes à jouer et les Canaris ne parvinrent pas, cette fois, à revenir. L'entrée en jeu de Bagayoko, à la place de Capoue, avait modifié sensiblement le système, lequel s'apparentait à un 4-2 (De Freitas, Shereni), 3 (Da Rocha, Goussé, Babovic)-1 (Bagayoko) mais elle avait incité ses partenaires, y compris Da Rocha, à verser dans un jeu long, favorisé peut-être par le vent, mais en tout cas très hypothétique. Plus le temps pressait et moins la construction était soignée.

Dangereux jusqu'au bout
Les ballons étaient expédiés au petit bonheur la chance et Bagayoko ne parvint à en exploiter aucun. Pourtant, durant les arrêts de jeu, sur un dégagement de Maréval, il eut encore une munition. La dernière. Il ne parvint pas à la contrôler et les Auvergnats s'empressèrent de la désamorcer.

Encore convient-il de préciser que sur un contre clermontois, Poulard avait commis sur Mendy une faute que l'arbitre laissa passer (77è). Or, l'ancien Brestois se trouvait bel et bien en position de dernier défenseur. Ce fut une raison supplémentaire d'être surpris de le voir demeurer sur le terrain alors que Das Neves fut rappelé sur le banc (78è) pour permettre à Heinz d'effectuer son entrée, Shereni glissant alors au centre de la défense. Mais l'apport du Tchèque fut trop minime pour inverser la tendance face à des Auvergnats s'accrochant à leur butin comme des chiens à un os, d'autant que Babovic, peut-être à court de condition, avait lui aussi quelque peu disparu de la circulation.

B.V., le 22 janvier 2008