L'arithmétique, ça va
Encore une bonne soirée sur le plan arithmétique ! La victoire contre Châteauroux, conjuguée aux nuls concédés par Clermont et Angers, permet à Nantes d'accroître un peu plus son avance sur la quatrième. Lequel, désormais, s'appelle toujours Clermont et se situe à 11 points (avec un match en retard). C'est un écart appréciable qui rendra forcément moins tendu le voyage en Auvergne dans une semaine et la réception du Havre huit jours plus tard. Quoi qu'il advienne, Nantes aura toujours les atouts en mains.

Le spectacle, euh…
Mais encore un match laborieux sur le plan du jeu, un succès acquis de façon ric-rac même si l'adversaire n'a pas montré grand chose et un spectacle très quelconque, carrément médiocre en première période. Moins de 18.000 personnes avaient pris place dans les tribunes et si on peut certes parler de la pluie qui avait pu en décourager quelques uns et du manque d'attractivité de la Berrichonne, on doit aussi se demander si cette relative désaffection ne sanctionne pas d'une part le manque d'enthousiasme suscité par des Canaris peu chatoyants et s'il ne traduit pas d'autre part une amorce de désamour entre Waldemar Kita et les fans n'étant pas sous influence. Eh quoi, Nantes est tout de même leader et la Beaujoire n'avait plus accueilli un match de foot depuis plus d'un mois et la venue d'Amiens ! Alors que demande le peuple ? Autre chose peut-être… Du rêve, aurait dit Scherrer qui, à défaut de bien connaître le jeu, possédait le mérite de ne pas se prendre au sérieux.

Babovic réussit des débuts intéressants
Déduire de ces premières phrases qu'il n'y a rien de vraiment nouveau sous le ciel du FC Nantes serait cependant oublier la bonne prestation de Stefan Babovic. Le jeune Serbe a réussi ses débuts, il a même su briller lorsqu'en seconde période, alors que les Canaris étaient en état d'urgence car Châteauroux avait égalisé, il se retrouva sur le flanc gauche de l'attaque. On ne va certes pas s'emballer. Il suffit de consulter les archives pour s'apercevoir que plusieurs recrues avaient donné les plus belles promesses lors de leur première apparition, on pense par exemple à Victor Trossero, Jacovljevic, Kosecki ou même Giallanza, et que ces salves initiales ne furent jamais confirmées.

Ces simples rappels incitent à la mesure. Il n'en reste pas moins que Babovic a exhibé des qualités techniques alléchantes et en tout cas très au-dessus de la moyenne nantaise actuelle. C'est un véritable footballeur, capable de dribbler, de feinter, d'adresser des passes millimétrées. Il faut attendre qu'il confirme, qu'il s'intègre au collectif, qu'il affine aussi sa vision du jeu. Mais le flan offensif gauche de l'équipe s'est montré si déficient depuis le début de la saison qu'on suppose que la mission se situe tout à fait dans ses cordes. On ajoutera qu'il assure pour sa part qu'il est meilleur sur le côté droit ou dans un rôle de numéro 10…

Une première période ennuyeuse
On l'a dit : la première période fut ennuyeuse. C'est bien simple, il ne s'y passa rien. Et même pire : rien de rien. Pas d'occasions de but, pas de construction, pas d'action d'éclat, excepté peut-être un début de slalom de Babovic qui désarçonna la défense berrichonne. Mais sans résultat tangible. En revanche, pour ce qui est de collectionner les mauvaises passes, il y avait concurrence. Pierre renvoyait n'importe comment, Shereni balançait à qui mieux-mieux, même De Freitas se rendait coupable de choix peu judicieux et personne ne songeait à élargir un tant soit peu le jeu. Le déchet était donc énorme. Nantes évoluait avec quatre défenseurs, les mêmes qu'à Montluçon, Moullec, Pierre, Poulard et Maréval, autant dire que ça commence à sentir le roussi pour Thomas, surtout si on se rappelle que Das Neves a déjà évolué avec bonheur au poste d'arrière droit.

L'Auvergnat était sur le banc de touche, victime du retour de Shereni qui évoluait en récupérateur avec De Freitas. Da Rocha et Guillon occupaient les côtés, comme à Montluçon, alors que Goussé jouait en pointe. Babovic avait du coup hérité d'un rôle hybride, on pourrait dire de meneur de jeu entre Da Rocha et Guillon, ou un peu devant eux, mais les intentions offensives étaient si peu prononcées qu'en réalité il n'avait pas grand chose à mener.

Merci la défense castelroussine
Châteauroux en montrait encore moins, il se contentait de serrer de près le porteur du ballon, il ne prenait pas la moindre initiative, si bien que Tony Heurtebis aurait pu se tourner les pouces à l'intérieur de ses gants. Vincent Fernandez n'était guère plus sollicité, il n'empêche qu'il dut bel et bien aller ramasser un ballon au fond de ses filets. Le coup, dur pour lui, heureux pour les Nantais, survint à la 38è minute. Guillon alla mettre sa tête là où d'autres auraient hésité à mettre le pied, c'est à dire dans une forêt de crampons berrichons. L'arbitre décréta un coup franc. Sans doute y avait-il autant tête baissée que pied en l'air, mais personne ne protesta tant l'action paraissait anodine : le long de la touche, à quarante mètres de la cage castelroussine.

Or, De Freitas tira promptement, lançant Maréval sur l'aile gauche et ce dernier alla si vite que lorsqu'il centra le feu s'alluma dans la défense berrichonne. Da Rocha ne put pourtant reprendre et Babovic, au deuxième poteau, n'aurait sans doute pas fait mieux. C'est alors qu'Ateba rata son contrôle ou son renvoi, on ignore ce qu'il souhaitait réaliser, on sait juste que ce n'était pas le loupé dont il se rendit coupable. Le ballon ricocha en effet dans les pieds de Nicolas Goussé, isolé et démarqué face à Fernandez. L'attaquant nantais ajusta la cible, Nantes menait 1-0.

Châteauroux égalise
C'était le score à la pause et c'était, somme toute, assez chanceux. En seconde période, on ne pressentit pas tout de suite un réel changement. Le problème est qu'à force de s'endormir sur des lauriers à peine coupés les Canaris se retrouvèrent dans de sales draps. Sur un corner, Mathlouthi réussit en effet à placer une tête arrière qui transperça la garde nantaise.

On en était à la 59è minute et les Canaris eurent le mérite de se réveiller rapidement. Quelques secondes plus tard, sur un coup franc de De Freitas, Poulard décocha une reprise que Fernandez dévia en corner. Juste après, Michel Der Zakarain opta pour un réajustement tactique destiné à augmenter le potentiel offensif de l'équipe.

Doublé de Goussé
Djordjevic effectua son entrée à la place de Guillon et se positionna aux avant-postes en compagnie de Goussé tandis que Babovic glissa sur l'aile gauche. On obtenait ainsi un 4-4-2 plus classique et Babovic, qui ne mit pas longtemps à prendre ses aises, trouva en Mareval un complice de bon aloi. Le Serbe adressa un centre sur lequel Goussé s'avéra un peu trop court (67è). Puis il lança Mareval sur le flanc gauche. L'ancien Tourangeau centra, comme il l'avait fait en première période et les Castelroussins laissèrent de nouveau passer le ballon devant leur cage sans réagir. Goussé se tenait aux aguets au deuxième poteau, il marqua son second but avec la même facilité et la même aisance que le premier (73è). Il raconta après coup que le matin Michel Der Zakarian lui avait dit qu'il allait marquer deux fois. D'ici à ce que le coach ouvre un cabinet de voyance !

Heinz donne de bons ballons
Goussé avait rempli sa mission et, parce qu'il avait les jambes lourdes, c'est encore lui qui le précisa, il laissa sa place à Marek Heinz. Le Tchèque effectua une rentrée intéressante. Oh ! il ne fit pas preuve d'un dynamisme débordant mais il distilla deux ou trois ballons aussi précis que précieux, presque lumineux. On pense à une transversale à destination de Moullec et surtout à une passe à Babovic à la 86è minute. Le Serbe n'exploita pas le cadeau car il croisa trop son tir. Dommage. Il sortit dans la foulée, victime de crampes, au profit de Das Neves. Le match touchait à son terme et Nantes était proche du troisième but. Durant les quatre minutes d'arrêts ce sont cependant les Berrichons qui faillirent égalise sur une reprise de'El-Jadeyaoui.

B.V., le 13 janvier 2008