Deux occasions de but, pour Guingamp
Un tir de Kader Touré qui s'écrase sur un poteau, un arrêt de classe de Tony Heurtebis face à Liabeuf : « s 'il avait fallu désigner un vainqueur aux points, comme en boxe, je pense que les juges auraient penché de notre côté », a estimé Nicolas Savinaud.
Le capitaine guingampais a raison, c'est son équipe qui a dominé l'essentiel du match et qui s'est créé les deux seules véritables occasions de but. Mais Nantes, comme souvent cette saison à l'extérieur, a bénéficié d'une certaine réussite et il s'en est sorti sans dommage. Sa défense a présenté certaines lacunes, notamment sur le plan de la relance, ce n'est certes pas nouveau, elle n'en a pas moins tenu le choc.
Arithmétiquement, tout va bien
0-0 est un score qui n'est plus inconnu à Nantes sur terrain adverse, un jour vous allez voir on va même nous dire qu'il existe « de bons 0-0 ». Celui-là présente quelques avantages, celui entre autre d'offrir le titre de champion d'automne. Lequel, soit dit en passant, ne représente absolument rien. Il permet surtout à Nantes de conserver ses distances, 9 points d'avance sur le quatrième, 7 si Troyes remporte son match en retard à Sedan. Début août, il est clair que n'importe qui à Nantes, dès lors qu'on lui aurait proposé une telle position cinq mois plus tard, aurait signé des deux mains.
Cette bonne situation arithmétique ne peut toutefois masquer les autres préoccupations, les une liées à la qualité du jeu, les autres inhérentes aux mains dans lesquelles le club est tombé. La remontée en Ligue 1 est bien sûr une priorité, il convient toutefois de voir plus loin que le bout de son nez et de bien comprendre que Nantes, au fil des années et des propriétaires qui s'en emparent, avec pour unique souci celui de se faire un maximum d'argent, n'en finit plus de plonger dans le conformisme et de perdre l'âme et les idées forces qui avaient fait sa gloire.
Philosophiquement, tout va mal
Waldemar Kita claironne qu'il a mis de l'argent dans le club et qu'à partir de là il possède tous les droits. C'est une philosophie assez discutable et qui mérite en tout cas une mise au point sans ambage. Laquelle nous dit que Kita s'est offert le FC Nantes, qu'il n'a d'ailleurs pas encore totalement payé, uniquement pour en retirer de l'argent, son objectif à terme étant évidemment de le revendre plus cher qu'il l'a acheté. Le risque, vu la somme peu élevée qu'il a investie par rapport au prix réel (Dassault voulait absolument se débarrasser de ce qu'il considérait comme un fardeau), frôle la ligne zéro.
On peut, même si on la regrette, comprendre cette logique mercantile, qui est celle de plusieurs propriétaires de clubs de foot. Il n'est pas question en revanche de considérer ces commerçants-financiers comme des zorros du ballon rond. Q'ils ne nous parlent pas de sacrifices, d'efforts de leur part : ils sont là pour engranger un maximum d'argent, quitte à « plumer la bête ». Alors, qu'ils aient au moins la franchise d'annoncer la couleur. Le foot pour eux c'est la bourse, des ventes et des achats de joueurs incessant, de la frime, ce n'est pas ce merveilleux jeu que faisait pratiquer José Arribas, lequel cherchait à grandir les hommes et non pas à les exploiter.
Kita s'est fait rabrouer
Kita a annoncé 23 licenciements, s'indignant non pas de sa décision mais que des fuites se soient produites (eh quoi, il voulait que les gens meurent en silence ?), et cette mesure draconienne, sur laquelle on se gardera pour l'instant de porter un jugement, même si on constate que les restrictions ne sont visiblement pas valables pour tout le monde, cette mesure donc a valu au président de Nantes d'entendre les premiers signes de contestation de ses méthodes. Au Roudourou, on a vu des banderoles de désaccord, on a entendu des slogans hostiles. Kita a d'ailleurs voulu, à la fin du match, aller « discuter » avec quelques uns de ses opposants. Il n'a pas été entendu, le service d'ordre dut même intervenir pour le sortir du guépier où son cher costume risquait d'être fripé.
On ne voudrait pas terminer cette digression sans rappeler que Guingamp est le fief de Noël Le Graët, le dirigeant qui, du temps où il présidait la Ligue, a inventé le marché d'hiver, ce fameux mercato qui a doublé la période des transferts. A l'époque, En Avant avait un ou deux joueurs à céder en janvier, histoire de renflouer ses caisses, et Le Graët n'avait pas hésité : vive le mercato. Si on ne l'avait pas arrêté, il aurait décrété qu'on pouvait vendre et acheter pendant toute la saison et même, pendant qu'on y était à la mi-temps des matches.
Larièpe bouge-t-il son cul ?
Ce serait marrant, ça, non : un joueur disputerait la première période dans un camp, son président le vendrait à l'adversaire durant la pause et il figurerait dans l'équipe d'en face en seconde période. Voilà un jeu qui devrait plaire à Kita. A Larièpe aussi, l'avatar de l'Olympique de Marseille qui a déclaré (« France Football) : « on va recruter, histoire de bouger le cul à certains et de ne pas rater la montée... » Ce genre de phrases plaît parfois au supporter de base, on se demande cependant dans quelle autre entreprise qu'un club de foot un « responsable » pourrait tenir de tels propos sans susciter de réactions. Larièpe devrait en outre comprendre que ces arguments sont transposables à tout le monde : que penserait-il si, pour bouger son cul, à lui, son patron embauchait un autre directeur technique ? Vous direz qu'il ne craint rien, vu qu'il est copain avec le patron et qu'il faudrait demander le licenciement de dix personnes supplémentaires. Peut-être.
« Personne n'a pris de plaisir » a dit Da Rocha
Bon, il est grand temps d'en venir au match du Roudourou. Même si vous avez sans doute compris, tant nous nous sommes éparpillé, que son histoire sera vite contée. Le terrain était injouable, car gelé et glissant. Michel Der Zakarian n'a pas hésité à le souligner : « on ne pouvait pas jouer au football là-dessus. » Il s'est également, à juste titre, étonné du fait que certaines rencontres aient lieu et d'autres pas, sur des terrains à l'état identique, selon l'humeur des arbitres. Laquelle dépend aussi des impératifs des télés, auxquelles personne ne veut déplaire. Là encore les intérêts commerciaux prévalent sur les aspects sportifs et avant de condamner les arbitres il faut comprendre qu'ils ne sont pas forcément libres. Ainsi, celui qui a le courage de remettre un match alors que la télé est là risque de se retrouver sur la touche pendant plusieurs semaines. Hervé Piccirillo sait tout cela et il a estimé que la pelouse du Roudourou était jouable. Ensuite, chacun a feint de considérer que « l'essentiel était que personne ne s'est blessé. » Même pas l'arbitre ! « Mais personne n'a pris de plaisir, pas nous et donc pas les spectateurs », a avoué Da Rocha.
Thomas glisse, Touré tire sur un poteau
Le match a même failli tourner au cauchemar pour Olivier Thomas victime d'une glissade alors qu'il cherchait à contrôler un ballon face à Touré. Ce dernier profita du cadeau et pendant que le défenseur nantais tentait de se relever, tant bien que mal, il fonça s'offrir un face à face avec Heurtebis. Il expédia le ballon sur un montant. Ouf ! Le Guingampais avait fait preuve à la fois de maladresse et de manque de discernement car il aurait pu servir son coéquipier Liabeuf, démarqué au centre.
Au départ de cette action, il y avait eu un coup franc botté par Moullec. Ce dernier, qui s'est parfois montré habile dans cet exercice, fut en revanche très mal inspiré samedi car le scénario se répéta à au moins deux autres reprises. Il s'était d'ailleurs produit dès la 8è minute : coup franc de Moullec, renvoi des deux poings de Gauclin et contre de Touré dont le tir fut stoppé par Heurtebis.
Goussé et Sekour isolés
Guingamp domina durant la première demi-heure, les Nantais étaient mal à l'aise à l'image de Thomas et de Poulard, ce dernier collectionnant les renvois dans les tribunes. Mais les circonstances étaient telles qu'on se demandait s'il était de bon ton de le lui reprocher. Encore, remarquez bien, qu'à chaque fois que les Canaris essayèrent de poser le jeu par Da Rocha, De Freitas et Sekour, ils se montrèrent plutôt à leur avantage.
Nantes évoluait en 4-4-2 avec Goussé et Sekour en attaque. Tous deux étaient trop isolés du reste de l'équipe car, sur les côtés, Da Rocha et Moullec jouaient très bas. Ce contexte poussait les deux hommes de pointe à chercher une solution individuelle et Sekour tomba dans ce piège. Si bien que les Canaris ne décochèrent pas un seul, on a bien écrit pas un seul, tir cadré en première période. LesGuingampais n'étaient pas beaucoup plus convaincants. Toutefois, à la suite d'un cafouillage dans lequel on avait vu la tête d'El Mourabet, Liabeuf hérita d'un bon ballon. Heurtebis s'interposa (27è), Nantes avait encore eu chaud.
On se serait presque cru sur une patinoire
Durant le troisième quart d'heure, les Canaris réagirent enfin et ils laissèrent croire qu'ils étaient capables de prendre la partie en mains. En Avant paraissait essoufflé. Cette impression ne se confirma cependant pas après la pause et, suite à un corner, Touré rata encore sa reprise (52è). La pelouse était alors de moins en moins praticable, on se serait presque cru sur une patinoire et plus le match avançait plus les Canaris se disaient qu'un point allait suffire à leur bonheur. El Mourabet réalisa une intervention opportune dans les pieds de Talhaoui (60è), Poulard continua à renvoyer les ballons aériens et Heurtebis ne fut plus guère inquiété. Thomas, lui, se montrait toujours emprunté, alors Der Zakarian décida de le remplacer par Moullec, lequel laissa sa place à Loïc Guillon dans l'entre-jeu (64è). Pour ce dernier, il s'agissait de son retour, après deux mois et demi d'absence et son plaisir était tel qu'il ne se posa pas la question de savoir si le poste auquel il effectuait son apparition était son meilleur, de toute manière il a déjà évolué en milieu de terrain.
Un peu plus tard, Andriatsima prit le relais de Goussé (79è), on avait ainsi sur le terrain six joueurs ayant opéré en jeunes à Nantes (en comptant Savinaud et Deroff !) et c'était du jamais vu cette saison. On n'eut pas de but pour autant, même si Sekour, à cinq minutes de la fin, fut bien servi par Maréval. Il tenta une reprise difficile. Dans les nuages !
B.V., le 25 décembre 2007