Le quatrième à 6 points
Montpellier n'est pas le genre de stade très hospitalier, surtout quand Rolland Courbis a décrété qu'il y avait urgence à prendre des points et en y obtenant un nul le FC Nantes a réalisé une opération qu'il est logique de considérer comme synonyme de bonne affaire. Arithmétiquement, les voyants sont de nouveau au vert : les Canaris ont rejoint Le Havre dans le fauteuil de leaders, ils conservent six longueurs d'avance sur le quatrième et ils ont, provisoirement au moins, renvoyé leur adversaire du jour à ses études.
Le bilan est donc satisfaisant. Mais cette fois encore le jeu l'a été beaucoup moins.
Il serait toutefois particulièrement injuste de ne pas tenir compte des nombreuses absences, à commencer par celles de Bagayoko et de Shereni, deux éléments importants. Dossevi et Keserü n'étaient pas du voyage, eux non plus, la trêve ne leur ayant pas été physiquement bénéfique. On pourrait y ajouter « l'absence » de Heinz tant le Tchèque a été transparent et tant on reste confondu entre le potentiel qu'il dégage et sa très faible implication dans le jeu. En fin de match, à force de courir à contre temps et à contre courant, il en devenait presque pathétique.
Heinz était-il présent ?
Ce sont des cours de football collectif qu'il faut lui donner et si c'est ce genre de joueurs qui plaît à Waldemar Kita, il convient vraiment de s'interroger sur les compétences de ce monsieur. A moins évidemment que les transferts avec Saint-Etienne, dont l'un des présidents connaît actuellement quelques ennuis avec la justice, n'entrent pas seulement dans une logique sportive. Il paraît que Larièpe, qui connaît l'endroit, ne serait pas contre l'achat d'un autre joueur forézien. On tremble ! On nous parle aussi de Pagis dont la venue à Nantes a déjà été évoquée plusieurs fois dans un passé plus ou moins lointain. Tous ces bruits ne sont évidemment pas faits pour mettre les joueurs en confiance. Et quand on nous parle de Metz, exemple qui était souvent mis en avant en début de saison, fallait s'y prendre comme les Lorrains pour remonter, nous disait-on : recruter nombreux et vieux, on éprouve déjà quelques craintes pour le futur. Metz, son football d'arrière garde et ses quarante pros, dont Cubilier, la starlette dont Roussillon et N'Doram pensaient du bien, ont du mouron à se faire.
Moullec touché d'entrée
A Montpellier, Nantes a eu aussi la malchance de perdre rapidement Moullec, dont le visage fut invité à faire une connaissance impromptue avec les crampons de Nasser Ouadah dès la 2è minute.
On redoute une fracture du nez. On n'a pas eu l'impression que le Montpelliérain ait accompli, sur ce coup là, le maximum pour éviter l'ancien Lorientais. Cétait peut-être involontaire, il convient toutefois de se rappeler que Ouadah, par ailleurs plutôt bon joueur, possède un casier assez chargé et qu'il avait, à la fin du dernier Sedan – Nantes en Coupe de France, provoquer une bagarre quasi-générale dans les couloirs de Louis-Dugauguez.
Les Montpelliérains n'hésitèrent pas d'ailleurs à hausser le ton sur le plan de l'engagement physique, sans doute pour répondre aux injonctions de Rolland Courbis qui n'a jamais été un vraiment un poète.
On ne va pas se lancer dans des considérations qui nous diraient que Moullec est un joueur indispensable, il n'empêche que sa sortie prématurée contraignit Derzakarian à revoir quelque peu ses plans. Norbert effectua sa rentrée, il fit preuve d'activité, pas forcément de lucidité, et Da Rocha se retrouva dans un rôle défensif qui contribua peut-être à amener l'équipe à jouer beaucoup trop bas en première période. A se couper en tout cas de Nicolas Goussé, contraint de se battre loin de tout le monde aux avant-postes où Capoue avait hérité d'un rôle assez hybride qui l'amena un peu partout mais pas beaucoup sur le côté gauche. C'est d'ailleurs de la droite, au terme d'une action menée avec Thomas, qu'il décocha un centre qui ne trouva malheureusement pas preneur : Goussé était trop loin et Norbert trop court.
Carotti et ses ficelles
Cette action mettait un terme au premier quart d'heure, lequel avait été laborieux pour les Canaris. Les Montpelliérains s'étaient montré deux fois dangereux par Delaye mais Tony Heurtebis veillait au grain. Il avait paru un peu en retrait au cours de ses derniers matches, il s'est bien rattrapé à la Mosson, il a même été impeccable.
Montpellier dominait mais il ne se créait plus vraiment d'occasions. Jean-Jacques Pierre faisait bonne garde et Poulard, dans un contexte où l'équipe acceptait de subir, se montrait plus à l'aise qu'à l'ordinaire. Si bien que c'est bel et bien Nantes qui aurait pu obtenir un penalty lorsque Carotti effleura la cuisse de Goussé, dans la surface. Le défenseur Montpelliérain a beau être un ancien Nantais et du genre sympathique, du moins dans la vie, il n'en reste pas moins sur le terrain un assez remarquable tricheur, prompt à utiliser toutes les ficelles pour enrayer la progression d'un attaquant. Capable aussi de se rouler par terre alors qu'on ne l'a même pas touché. Certains, Courbis doit en être, appellent ce genre de méthodes « le métier », pour notre part on estime plutôt qu'elles n'apportent rien au jeu, à part du désagrément.
Actions litigieuses
Le penalty aurait pu être sifflé, il n'y a pas cependant à crier au scandale sur le fait que l'arbitre soit demeuré sans réaction. Il faut dire que Jean-Charles Cailleux n'est pas du genre à dégainer très vite. Il resta également silencieux lorsque Camara toucha le ballon de la main dans sa surface (38è), il ne broncha pas davantage quand ce fut au tour de Mareval de caresser le cuir d'illicite manière (44è). Les trois fois, sur les deux mains et l'intervention suspecte de Carotti, on était à la limite du penalty, on ne vilipendera toutefois pas Cailleux d'être demeuré silencieux. En revanche, on eut l'occasion de goûter au fair play à la sauce héraultaise, elle est toute particulière. Ainsi, le responsable des images diffusées sur l'écran du stade se charge de montrer la main de Maréval. En revanche, rien sur les actions précédentes...
Ballon sur la barre de Heurtebis
Avant ces péripéties plus ou moins palpitantes, Camara avait contraint, sur un shoot de 20 mètres, Heurtebis à intervenir avec brio (24è), si bien que les Nantais ne s'en sortaient pas si mal en rejoignant leur vestiaire sur un score vierge.
Ils entrèrent dans le second acte avec des intentions un peu plus offensives et sur un centre de Thomas, mal repoussé par Jourdren, Heinz hérita d'une situation favorable. Mais au lieu de s'avancer sur le ballon, il préféra l'attendre et quand il décocha son tir il était trop tard : Jourdren était rapidement monté sur lui et il contra. On eut l'impression que le Tchèque venait de commettre un péché de suffisance (48è).
Nantes éprouvait du mal à construire, par manque de précision, de mobilité, de disponibilité, de technique. Il préférait quadriller le terrain de façon défensive et s'en remettre, Thomas et Pierre en tête, à de longs ballons hasardeux pour tenter de faire une hypothétique différence.
Il ne s'en créa pas moins une autre belle occasion lorsque Goussé, très combatif, parvint à lober Jourdren. Yangambiwa sauva sur sa ligne (66è). Peu auparavant, Heurtebis avait également eu très chaud : en reprenant un coup franc de la tête, Ngambi avait expédié le ballon sur la transversale. Il rebondit sur Carotti qui tenta sa chance de la tête : au-dessus. Ouf !
Belle occasion de Goussé
Pierre effectua pour sa part une intervention délicate dans les pieds de Delaye (60è), il toucha ensuite le ballon de la main, toujours sans conséquence (69è). Cela nous emmenait à deux litiges de chaque côté et on en arriva au dernier quart d'heure. Norbert, fatigué, avait cédé sa place à Andriatsima, et après une tentative de volée osée de Goussé sur un renversement de jeu de Maréval (78è), les Canaris décidèrent de se satisfaire du nul. Dans leur camp, plusieurs paires de jambes étaient visiblement lourdes, ils s'employèrent donc essentiellement à préserver leur butin. Il leur fallut cependant endurer une dernière alerte à la 86è minute, sur une action de Camara (tir au-dessus), avant de pouvoir savourer.
B.V., le 4 décembre 2007