Nantes n'a jamais vraiment dominé ses rivaux
Il peut être tentant, surtout pour qui accorde une grande importance aux chiffres, de considérer que le nul concédé face à Angers s'inscrit dans la continuité de la défaite à Boulogne et qu'il confirme le coup d'arrêt qui affecte soudain la marche du FC Nantes. D'autant que cette fois les adversaires les plus proches n'ont pas également fait du surplace : ils se sont bel et bien rapprochés.
Ce serait une erreur. Les deux matches en effet ne se ressemblent pas. Autant Nantes avait été surclassé au stade de la Libération, autant cette fois il méritait davantage qu'un point.
Il n'en reste pas moins que ce semi-échec confirme l'une des données que nous soutenons depuis le départ : les Canaris ne dominent pas leurs adversaires aussi nettement que le classement a pu le laisser paraître et leur jeu n'est pas suffisamment axé sur la technique, le mouvement et l'offensive pour leur offrir de grandes garanties. Nantes a souvent fait la différence sur des coups de pied arrêtés, ne l'oublions pas, et même si la méthode n'a rien d'interdit, au contraire, elle a en l'occurrence souvent permis de masquer d'évidentes lacunes dans la construction du jeu.
A ce sujet, on soulignera une fois encore l'absence de Bagayoko, qui s'est souvent révélé utile à la fois dans le jeu et sur les coups de pied arrêtés. On notera aussi que l'arbitrage a été encore indigent et qu'une décision importante est allée à l'encontre des intérêts nantais, on parle du but angevin évidemment.
Poulard et Thomas n'ont pas manqué
En revanche, Poulard et Thomas ne nous ont guère manqués. Le premier a été recruté par Kita, le second par Gravelaine, mais ni l'un ni l'autre ne sont des pièces indispensables à l'équipe. A Boulogne, ils en avaient même été les maillons faibles. On peut simplement regretter que la défection de Poulard n'ait pas servi à promouvoir un jeune, puisque c'est Shereni qui se trouva invité à le remplacer. Il est toutefois difficile de déterminer le niveau actuel d'El Mourabet, voire de Thicot, vu le nombre de matches qu'ils ont disputés depuis le début de la saison... El Mourabet a eu parfois sa chance (9 matches) quand Nantes évoluait en Ligue 1, il est barré à l'échelon inférieur par un joueur dont les lacunes sont si évidentes que sa marge de progression est nulle (on parle de Poulard, pas de Shereni). Cherchez l'erreur.
On rappellera qu'El Mourabet et Thicot jouaient en équipe de France des 17 et 19 ans avec entre autres Benzema, Ben Arfa, Matuidi, Nasri. Sans doute ne possèdent-ils pas leurs talents, peut-être, les sélectionneurs s'étaient-ils trompés à leur sujet, peut-être se sont-ils crus arrivés trop tôt, leur cas suscite malgré tout quelques interrogations. Leur a-t-on fait suffisamment confiance ? On ne répond pas à cette question, on la pose. Tout en sachant bien que depuis plusieurs années, Nantes privilégie les mercenaires venus de nulle part (dont l'achat impressionne au départ le péquin de supporter) à ses jeunes. Précisons au passage que nous n'avons rien contre les joueurs venus de l'extérieur, dès lors qu'ils possèdent de la valeur et s'intègrent dans le collectif. Les bons joueurs, on les aime, d'où qu'ils viennent : de l'extérieur ou du centre de formation.
Dossevi trop individualiste
A propos de confiance, on peut également se poser une question à propos de Keserü : le faire entrer à la 86è minute relevait-il de la fantaisie ou de la haute stratégie ? Sauf si Michel Der Zakarian misait sur un ultime coup de pied arrêté, il aurait dû laisser Claudiu sur le banc ou, mieux, le faire jouer plus tôt. D'autant que Thomas Dossevi n'était pas dans un bon soir. Il paraît qu'il a déclaré, il y a quinze jours, que d'après lui Nantes compterait 9 points d'avance sur le quatrième après le match contre Angers. Il avait assurément perdu une occasion de se taire, à la mesure de celle qu'il a ratée contre le SCO, à huit minutes de la fin, sur un centre, à moins que ce ne soit une tentative de tir ratée, d'Aurélien Capoue.
Ce dernier s'est montré très actif, il fut même l'auteur d'occasions très nettes. On pense notamment à la reprise de volée qu'il effectua à la 24è minute sur un centre de Da Rocha (Padovani claqua le ballon en corner). Ou encore à son shoot sur un renvoi du gardien angevin, trois minutes plus tard. Ou enfin à son tir, à côté, suite à une passe de Dossevi, lequel, pour une fois, avait joué collectivement (69è). On n'a pas précisé « pour une fois » par hasard. Dossevi éprouva en effet quelques difficultés à se rappeler que le foot se joue à 11. Cet individualisme lui rapporta peu dès la 8è minute. Ayant adroitement intercepté une mauvaise passe de Kouassi, il préféra jouer sa propre carte et shooter sur Padovani. Il aurait été plus intelligent de passer à Goussé sur sa gauche.
But d'Angers plus que litigieux
Nantes avait alors plutôt bien entamé la partie. Mais il n'élargissait pas suffisamment son jeu et il manquait de mobilité pour surprendre une défense angevine très regroupée. Sur la droite, Fred Da Rocha était contraint d'effectuer un gros travail entre l'attaque, quand son équipe avait le ballon, et la défense, dès lors que les Angevins l'avaient récupéré. Le losange censé avoir été mis en place manquait de toute évidence de rationalité, il fonctionna beaucoup mieux en seconde période lorsque Da Rocha devint plus offensif grâce à la montée d'un cran de Moullec, qui pour sa part fut à créditer d'un bon match. Les Angevins n'alignaient qu'un seul attaquant et il n'était pas interdit aux défenseurs de prendre quelques risques.
Un seul attaquant certes mais ce fut suffisant pour ouvrir le score à la 33è minute. Sur un long ballon en profondeur, deux Angevins démarrèrent et l'un d'eux, Ben Khalfallah, était manifestement hors jeu et influait sur le jeu, il alla d'ailleurs jusqu'au bout de l'action. Le juge de touche laissa faire. Soit il n'avait pas mis ses lunettes, soit il méconnaît le règlement. Toujours est-il qu' Alo'o Efoulou, qui s'était emparé du ballon, s'en alla tromper Heurtebis. L'International Board, garant des lois du jeu, n'a pas à ce qu'on sache modifier celles du hors-jeu, et si Sepp Blatter, outre-passant d'ailleurs son rôle, veut de temps en temps peser sur la façon de les interpréter, il n'entre pas dans la mission des arbitres de favoriser les irrégularités. Dans cette action, Ben Khalfallah n'a pas été passif, il a tenu un vrai rôle, lequel s'est apparenté à une tricherie (on parle par rapport au jeu) et Alexandre Castro n'aurait pas dû valider ce but. S'il pense différemment, il faut qu'il change de métier.
L'arbitre, dépassé, laisse une bagarre se développer
Il lui faudrait aussi comprendre que la vérité et les bons exemples ne viennent pas de la télé. Ainsi, en fin de rencontre, en n'intervenant pas d'emblée lors d'une altercation Moullec-Ben Kalfallah, il laissa l'affaire dégénérer en bagarre générale. Totalement dépassé, il se tenait à l'écart, laissant les coups voler sans daigner intervenir. Michel Der Zakarian s'était lancé au cœur des débats pour essayer de calmer les belligérants, les poings volaient, les coups de latte tombaient. Castro, lui, se bornait à jouer les observateurs et il était complètement ridicule. Il le fut davantage encore, lorsqu'à la fin de la rixe il choisit deux joueurs au hasard, Moullec et De Marcolino, et les gratifia d'un carton jaune chacun. Certains, sur ces coups là, s'en sont plutôt bien tirés.
Le pauvre Castro a peut-être été inspiré par Tony Chapron, dont tout Nantes connaît les « talents », et qui l'autre jour a procédé un peu de la même façon lors d'un match de Ligue 1. « C'est bien, il fait preuve de psychologie » assura alors bêtement un speaker de la télé. Si contribuer par sa passivité à la propension d'une bagarre s'assimile à faire preuve de « psychologie », alors Alexandre Castro a de l'avenir. Mais pas forcément dans le football.
Superbe but de Heinz
Mais foin des arbitres, dont les décisions semblent quelque peu léser les intérêts de Nantes actuellement puisqu'une autre péripétie (main dans la surface de Lécluse en seconde période) laissa Castro sans réaction, revenons à la 32è minute du match contre Angers. Le SCO, qui s'était déplacé avec davantage l'intention de résister que de conquérir, se trouva, à cet instant, conforté dans son objectif et jusqu'à la pause Nantes, jeu trop stéréotypé à l'appui, s'avéra impuissant à réagir. Padovani ne fut guère inquiété que par une frappe de De Freitas, sur coup franc, à la 44è minute.
Les Canaris entamèrent heureusement le second acte sur des bases un peu plus élevées. Et ils eurent la bonne idée de concrétiser leurs nouvelles intentions d'entrée. Ce fut grâce à un très joli but : passe en profondeur de Moullec sur Da Rocha, centre ajusté de ce dernier sur la tête de Heinz et superbe reprise victorieuse de ce dernier (47è).
Des occasions inexploitées
1-1, on respirait mieux. Le Tchèque a donc marqué son premier but en championnat, s'il pouvait contribuer à lui donner un peu plus de dynamisme, ce ne serait pas mal. Il existe toujours un décalage effarant entre l'habileté technique qu'il dégage et son efficacité réelle sur le jeu.
Dans l'ensemble, Nantes a pourtant mieux maîtrisé son sujet en seconde période. Il aurait même mérité de faire la différence. Par Capoue, par exemple, sur la passe de Dossevi déjà évoquée (68è). Ou par Dossevi qui, parti seul, préféra, plutôt que lever les yeux, tenter sa chance de loin et dans un angle fermé (69è). C'est encore à l'ancien Valenciennois qu'échut une belle opportunité à la 82è minute, on en a également déjà parlé. Capoue shoota du droit, le ballon alla dans les pieds de Dossevi qui ne parvint pas à tirer. On vit encore une tentative de Heinz (84è, corner), une autre de Da Rocha repoussée du pied par Padovani (85è). Et ce fut tout, si on veut bien excepté la bagarre générale et les trois minutes d'arrêts de jeu que l'arbitre, décidément mal inspiré, divisa finalement par trois.
B.V., le 11 novembre 2007.