Un très joli but de KO
Aurélien Capoue conquiert un ballon dans l'entre-jeu. Il lance Mamadou Bagayoko sur l'aile gauche, tout en poursuivant sa course, mobilisant ainsi l'attention des adversaires. Le Malien s'échappe et centre en retrait pour Nicolas Goussé. Ce dernier reprend instantanément et marque. Le deuxième but nantais, celui du KO, à la 39è minute, a été promptement emballé, comme un joli paquet cadeau, et ses brèves mais lumineuses images, illustrent bien le scénario d'une rencontre que les Canaris ont globalement maîtrisée. Ils ont encore marqué trois buts sur terrain adverse, lesquels s'ajoute aux trois de Libourne (et aux deux réussis sur le terrain neutre d'Angers) et cette fois ils ont su s'éviter toute frayeur, se gardant du moindre relâchement en fin de partie.

De plus en plus d'assurance
Nantes joue décidément de mieux en mieux, en dégageant en tout cas de plus en plus d'assurance. Et si on a noté encore par ci par là des lacunes individuelles, les relances fiévreuses de Jean-Jacques Pierre par exemple, la lenteur d'Olivier Thomas, ou la transparence de Marek Heinz en seconde période, elles n'ont finalement pas altéré le match solide de l'ensemble. Nantes a repoussé Grenoble à 7 longueurs et Montpellier, qui peut éventuellement postuler à la quatrième place, se situe, au pire, c'est à dire en cas de victoire de sa part, à cinq points. Encore un effort et les Canaris disposeront de deux jokers. Mais la meilleure façon de ne pas les sortir prématurément consiste justement à ne pas s'enflammer et à se méfier de la réception de Gueugnon jeudi en fin d'après-midi. Michel Der Zakarian l'a prédit : il ne s'agira pas d'un match facile. Avec les Forgerons, aucune rencontre ne s'apparente d'ailleurs à une partie de plaisir, surtout quand ils sont en danger et il n'est pas forcément inutile de noter que cette équipe n'a jamais quitté la D2 depuis son admission en 1970. Si ce n'est pendant une saison, en 1995-96, pour cause de présence en D1 !

Bagayoko, le joueur plus
Mais n'anticipons pas, prenons au contraire le temps de savourer ce succès à Grenoble qui, s'il n'a pas été forcément brillant n'en est pas moins convaincant. Nantes possède en Mamadou Bagayoko un joueur dont peu d'adversaires alignent l'équivalent et le Malien a tenu une part prépondérante dans ce succès : deux buts, une passe décisive et une présence constante aux avant-postes. La Bagayoko-dépendance existe, mais c'est une maladie plutôt agréable à supporter.

C'est lui qui sur un coup de pied arrêté a débloqué un match qui a mis longtemps à s'emballer. La plupart des actions se déroulaient en milieu de terrain, aucune n'était vraiment décisive et s'il n'y avait eu les fautes d'inattention de Pierre et quelques irrégularités de Poulard (un carton jaune dès la 15è minute), Nantes aurait passé un premier tiers de rencontre de tout repos. Il n'y avait pas besoin d'être génial il suffisait de s'appliquer dans la circulation du ballon. Bien sûr, les occasions de but étaient rares, quelques relances incertaines et on notait que Capoue se recentrait parfois un peu trop. Mais Grenoble n'en montrait franchement pas davantage, au contraire. Les Dauphinois commettaient aussi des fautes et l'une d'elles, « œuvre » d'Alphant sur Bagayoko, finit par leur coûter cher. On en était à la 28è minute, le coup franc se situait à 25 mètres de la cage de Wimbée. Da Rocha glissa le ballon à Bagayoko dont la frappe transperça la défense des Grenoblois et trompa leur gardien, sans doute pas irréprochable sur ce coup là.

Le match bascule
C'était le premier vrai tir de la soirée, les deux camps confondus et c'était le premier but. Grenoble tenta de réagir et pendant une petite dizaine de minutes Nantes endura une petite pression, laquelle se matérialisa essentiellement par des corners. Et puis le match bascula de façon définitive. Les locaux menèrent une offensive sur leur aile gauche, le côté de Thomas, comme par hasard, et le centre fut repris au deuxième poteau, de la tête, par Dja Djedje. Tony Heurtebis repoussa du pied. Grenoble venait de rater l'égalisation, il s'en mordit immédiatement les doigts. C'est juste après en effet que Capoue s'empara du ballon dans l'entre jeu. C'était la 39è minute et vous connaissez la suite : passe à Bagayoko, centre et but de Goussé .

Deuxième tournant
2-0 à la pause, s'il n'y avait eu la présence dans les mémoires des fâcheux précédents de la semaine passée, on aurait considéré que l'affaire était pliée. En fait, elle l'était bel et bien. D'une part parce que Nantes, on l'a dit, demeura attentif, accomplissant le nécessaire pour que l'histoire récente ne bégaie pas. D'autre part parce que Grenoble n'est pas Monaco et qu'il n'y a pas dans ses rangs un Piquionne pour jauger la vitesse de réaction des défenseurs canaris, ni un Néné pour frapper les coups de pied arrêtés.

On peut tout juste considérer qu'il se produisit un deuxième temps fort à la 57è minute. Heurtebis procéda alors à un sauvetage en deux temps, suite à un corner. Nantes venait en quelques sorte d'échapper au 2-1. Quelques secondes plus tard, il se plaçait hors d'atteinte, grâce à Bagayoko. Celui-ci exploitait une longue ouverture de Da Rocha et il mystifiait tout à la fois la défense grenobloise et Wimbée, impuissant sur son shoot croisé.

Nantes devient une véritable équipe
La suite fut sans histoire. Nantes qui avait démarré en 4-4-2 avec Bagayoko et Goussé en pointe avait modifié son organisation à la pause à la suite de la sortie Goussé, souffrant légèrement d'un mollet. Heinz était alors apparu mais il ne parvenait pas à se situer et à déterminer son rôle. A défaut de soutenir Bagayoko il allait, il errait presque, d'un côté à l'autre, sans parvenir à se rendre utile. Le Tchèque est fort techniquement, c'est une évidence, mais pour l'instant il déçoit et s'il ne se reprend pas assez rapidement son transfert va commencer à faire jaser.

L'entrée en scène de Dossevi à la place de Capoue (68è) ne modifia pas la donne, car l'ancien Valenciennois se positionna davantage sur la droite qu'en pointe, conduisant ainsi Da Rocha sur le flanc gauche. Mais ce n'était là que détails, du moins sur cette soirée, car Nantes vivait tranquillement sur son avance, les interventions de Tony Heurtebis face à Robin (un coup franc à la 81è minute) et Mainfroi (82è) ajoutant à sa sérénité. Les ballons aériens permettaient même à Poulard de faire apprécier son jeu de tête. Der Zakarian poussait le luxe jusqu'à se priver de Bagayoko, en fin de rencontre, au profit de Moullec (86è), alors que le public grenoblois, conscient que ses protégés ne reviendraient pas à la surface, avait cruellement commencé à déserter les tribunes.

Nantes, les succès et les buts aidant, devient progressivement une véritable équipe. Franchement, on pouvait redouter pire que ce se produit actuellement, même si, mais on le sait depuis le début, il s'agit d'une projection à court terme.

B.V., le 2 octobre 2007