Cette fois, la victoire est indiscutable
Nantes a de nouveau battu Sedan, en championnat cette fois, et il a ainsi repris place dans le fauteuil de leader qu'il avait provisoirement abandonné vendredi soir. Il se peut que les Canaris en aient profité pour marquer non seulement de précieux points mais aussi les esprits de leurs adversaires, si on veut bien considérer que ces derniers ont certainement regardé le match à la télé. Trois points au compteur, plus des points sur le plan psychologique, c'est tout bon.
Cette fois en effet le succès de Nantes n'a pas été tiré par les cheveux, ni même chanceux, il a été tout simplement logique. Les Canaris ont livré un match non seulement sérieux mais émaillé après le repos de plusieurs séquences de belle facture. Ils ont alors étouffé des Ardennais qui avaient perdu le fil susceptible de les conduire jusqu'au but de Tony Heurtebis, lequel a été beaucoup moins sollicité qu'au cours des rencontres précédentes. C'est plutôt bon signe. Même si sa défense n'a pas encore offert, loin de là, de hautes garanties de sérénité. Mais c'est l'un des paradoxes de ce début de championnat : l'arrière garde nantaise est en général fébrile, elle donne plutôt dans l'approximatif, elle manque de promptitude et, pourtant, elle encaisse peu de buts. Peut-être tout bonnement parce qu'en face les joueurs ne sont pas meilleurs.
Shereni marque encore
Olivier Thomas a peiné, Jean-Jacques Pierre cherche toujours sa forme et son efficacité de la saison dernière et Yoann Poulard a semblé déboussolé après avoir provoqué le penalty qui a permis à Sedan d'égaliser. Malgré ces lacunes, les brèches ont été rares, Shereni et De Freitas, ce dernier très en jambes après la pause, n'hésitant pas à venir apporter leur concours.
Harlington Shereni se porte d'ailleurs comme un charme, il a marqué son quatrième but de la saison et ce fut celui de la victoire. Ce charme auquel nous comparons le Zimbabwéen est en l'occurrence un arbre très costaud, le genre indéracinable. On ajoutera qu'il sait à l'occasion se transformer en bûcheron, certaines de ses interventions auraient d'ailleurs pu lui valoir quelques remontrances de la part de Philippe Kalt. Mais foin de critiques : Shereni apporte véritablement du positif, par sa présence, son activité, son dynamisme et aussi, on l'a dit, ses buts.
Un premier but très rapide
Mamadou Bagayoko s'est révélé également précieux, son retour a fait du bien et si sa technique en mouvement limitait son efficacité en Ligue 1 elle se révèle largement suffisante pour provoquer la différence à l'étage au-dessous. Dès la 5è minute, c'est lui qui, en amenant Yahia à commettre une intervention illicite a obtenu un penalty. Thomas Dossevi n'a pas raté l'occasion : son tir à ras de terre a trompé Bouysse qui avait pourtant plongé du bon côté.
Ainsi, d'entrée Nantes s'est retrouvé dans une situation confortable, en confiance, et pendant les minutes qui suivirent il a développé un jeu agréable. Dossevi aurait pu creuser l'écart, suite à une action de Capoue mais son shoot s'avéra trop mou pour surprendre Bouysse (14è). La mécanique des Canaris tournait rond, même si Pierre s'était retrouvé à la peine face à Sow, lequel avait tiré au-dessus (13è). Hélas le grain de sable arriva à la 16è minute. Une remise malheureuse dans l'axe de Thomas suivie d'une passe en retrait de Shereni aboutit à Mokaké qui s'apprêtait à procurer des soucis à Heurtebis lorsque Poulard le sécha brutalement.
Penalty, hors-jeu, penalty…
La faute était aussi indiscutable que grossière et Kalt désigna le point de penalty. Son juge de touche n'était pas d'accord : il avait levé son drapeau, dès le début de l'action, pour signaler un hors-jeu de Mokaké. Il s'ensuivit un moment de grande confusion et d'âpres discussions. Les Nantais parurent d'abord obtenir gain de cause car l'arbitre donna l'impression de suivre son assistant et donc de tenir compte prioritairement de la première irrégularité, c'est à dire la position illicite de Mokaké. Hors-jeu donc et ballon aux Nantais. C'est alors qu'il se ravisa, se rappelant peut-être brusquement que c'était Shereni qui transmis le « cuir » à l'Ardennais et il en revint à sa décision initiale. Ce fut au tour de Boutabout de se transformer en justicier. Heurtebis s'élança également du bon côté, sans pouvoir toutefois détourner le projectile.
1-1, c'est peu de dire que les Canaris encaissèrent méchamment le coup. Leu jeu se délita et c'est Sedan qui peu à peu posa sa patte sur le match. On vit ainsi, entre autres, Poulard donner le ballon à… Mokaké (28è) et Pierre effectuer un superbe retourné à destination du même… Mokaké. Le tout sans qu'il y ait de dommage à déplorer.
Nantes réagit
Heureusement, la fin de la première période fut marquée par un retour de flamme des Canaris avec notamment une percée de Bagayoko lancé sur la gauche par Capoue. Le Malien tenta sa chance dans un angle assez fermé, amenant Bouysse à dévier en corner et provoquant la déception de Dossevi qui avait vainement attendu le centre (43è). Bagayoko obtint peu après un coup franc sur lequel Shereni, servi par Da Rocha, expédia un boulet au ras du poteau. Nantes allait donc mieux et cette embellie se confirma au début du second acte. Harlington Shereni faisait toujours figure de leader et il reprit de la tête un corner botté par Da Rocha. Cerielo sauva sur sa ligne. Une tête de Bagayoko fut ensuite captée par Bouysse (53è) et on en arriva au deuxième but nantais, signé Shereni grâce à un shoot concluant une action plutôt bien ficelée (55è).
Derzakarian satisfait
Sur leur bonne lancée, les Canaris auraient pu faire le break, par Bagayoko ou par Dossevi que Capoue, débordant d'activité, assez chien fou même, parvint à servir plusieurs fois dans de bonnes conditions. Goussé, entré en jeu à la place de Dossevi qui donnait des signes de fatigue, aurait pu lui aussi mettre les siens définitivement à l'abri au terme d'une offensive qui avait permis à Bagayoko de mystifier Lachor et Sartre. Pour l'anecdote, on notera que Lachor, à chaque fois qu'il touchait le ballon, déclenchait un concert de sifflets. Il payait là les conséquences d'un style, disons peu académique et surtout d'un accrochage avec Da Rocha, lequel avait été le seul sanctionné par l'arbitre (carton jaune, 57è).
Nantes dominait donc, Michel Derzakarian alla même jusqu'à dire que cette seconde mi-temps fut la période la plus accomplie et la plus convaincante de toutes celles jouées par son équipe depuis le début du championnat. Mais la différence n'était pas faite. Pire, Sedan eut bel et bien la possibilité de revenir à la surface lorsque, sur un long dégagement de Lachor, Boutabout se joua de Pierre et faillit tromper, de la tête, Heurtebis, sorti un peu à contretemps. Le ballon passa à côté de la cible.
Bagayoko sur un montant
Du coup, les derniers instants de la partie furent quelque peu crispants. Reste que les Canaris furent tout de même plus près de marquer un troisième but que les Ardennais d'égaliser. On pense notamment à un tir de Capoue, détourné en corner par Bouysse (80è), à un ballon de contre attaque mal exploité par Da Rocha (88è) et surtout à un shoot que Bagayoko expédia sur un montant, juste avant de céder sa place à Keserü (82è).
Voilà donc un succès qui ne souffre guère la contestation. Et si Nantes a vécu des instants laborieux en première période, s'il doit encore progresser dans les relances, les enchaînements et la circulation de balle, il a tout de même rendu une copie digne d'intérêt.
B.V., le 19 septembre 2007.