Un assemblage hétéroclite
Battu logiquement et assez tristement au Havre, le FC Nantes compte toujours 7 points après quatre journées. Il lui en manque donc, en principe, 34 pour se maintenir en Ligue 2.
On exagère en déterminant ainsi un objectif à l'inverse de ceux que tout le monde caresse à Nantes ? Sans doute. Mais espérer revenir parmi l'élite avec une équipe qui jouerait comme les Canaris l'ont fait en Normandie relève également de la plaisanterie. L'assemblage hétéroclite bâti par les cogitations de Der Zakarian, Gravelaine, Kita et Robin, avec des joueurs venus de partout, certains même de nulle part, n'a pas tenu la route sur la pelouse de Deschaseaux où plane encore, pour nombre de supporters Jaunes, l'ombre joyeuse du lutin Marama Vahirua, le sauveteur de l'été 2000. A l'époque, nous avions eu peur, nous revenions de loin, mais nous avions encore une équipe, une idée directrice, une façon de jouer, un club. Des espérances.
Il aurait fallu jouer au foot
Aujourd'hui, nous sommes nus. Et nous ne voyons poindre nulle part, ni parmi les techniciens, ni parmi les dirigeants, ni parmi les joueurs, les hommes capables de nous sortir de l'insondable marasme où nous ont plongés un foot-business et une politique du n'importe quoi qui s'inscrivent douloureusement à l'encontre de nos valeurs ancestrales.
Le Havre, avec une formation issue pour une large part de son centre de formation, a donné une leçon à un Nantes qui entama la partie avec seulement deux joueurs du cru, Frédéric Da Rocha et Loïc Guillon. Et c'est pure chance, ou maladresse de ses attaquants, et aussi quelques arrêts de Heurtebis, si le score qui a matérialisé son succès n'a été que de 1-0. De là à prétendre que les Normands sont des foudres de guerre, il existe une marge. Ils sont essentiellement solides et déterminés, ils tiennent aussi en Hoarau un attaquant de talent, mais on peut supposer qu'en jouant au ballon, en les faisant courir, en montrant en somme un tant soi peu de foot à la nantaise, on les aurait davantage mis en difficultés.
Quelle faiblesse technique
Or, les Canaris sont au contraire tombés dans leur jeu. Ils ont affiché des limites techniques affligeantes, ils ont évolué en ordre dispersé, laissant de larges espaces entre leurs lignes. Ils n'ont pas su construire, pas été capables d'aligner plus de trois passes consécutives et ils n'ont pratiquement jamais mis Revault en difficultés. Si on excepte un shoot de Goussé , profitant d'une ouverture millimétrée de De Freitas, à la demi-heure de jeu, on voit mal en effet quand et comment Nantes aurait pu marquer. Sur un coup franc de Keserü, entré en seconde période à la place de Dossevi ? Ou sur l'un des corners qui s'accumulèrent en toute fin de rencontre ? Bof…
Pourquoi Dossevi et Poulard ?
On a parlé de Dossevi et on notera que Nantes commença le match avec deux des récents mais pas forcément derniers achats de Kita puisque Poulard était lui aussi sur le terrain au coup d'envoi. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'ont pas convaincu et à part le fait d'être nouveaux venus on ne voit pas très bien quels arguments ont poussé à leur titularisation. Même si Keserü, soyons francs, nous a également déçus quand vint son tour d'apparaître en scène (50è minute). On ignore quel sera l'avenir de Bagayogo dont l'imprésario s'active pour le replacer en Ligue 1, on peut toutefois estimer qu'il a beaucoup manqué, surtout compte tenu de la façon de jouer de Nantes. Mais comme dit Derzakarian, « il ne faut pas tenir compte des blessés, il y a d'autres joueurs et c'est à eux de montrer ce qu'ils savent faire. » Le coach nantais a toutefois parlé de défaillance collective, refusant de faire porter le chapeau à tel ou tel joueur. C'est son rôle d'entraîneur de raisonner publiquement ainsi, il n'en reste pas moins qu'il a dû se poser des interrogations concernant sa nouvelle charnière de défense centrale Pierre-Poulard. Bonjour, les frissons !
Mézague en toute tranquillité
Le Haïtien vaut mieux que ce qu'il a montré, on le sait, et c'est d'ailleurs heureux. Au Havre, il s'est surtout signalé par un jeu dur qui n'était guère de mise. C'est d'ailleurs sur l'une de ses fautes, commise sur le tank Nikezic, que survint la première situation dangereuse en faveur des Havrais (9è). Aït Ben Idir expédia le coup franc au-dessus de la transversale.
Les Normands avaient alors le match en mains et c'est tout normalement qu'ils ouvrirent le score à la 17è minute. Normalement, certes, mais en profitant d'un laxisme et d'un manque de synchronisme des Nantais. D'abord, personne ne réagit lorsque Soumaré avança sur le flanc droit de la défense des Canaris. Ensuite, Pierre ne trouva rien de mieux à faire, en contrant le shoot, que de renvoyer le ballon directement sur Mézague. Enfin Poulard demeura spectateur lorsque ce dernier tenta un tir qui fit mouche, sans être aucunement inquiété par les joueurs du milieu de terrain, visiblement aux abonnés absents. De Freitas, à droite, marchait…
Tout près du deuxième but
Pierre continua à commettre des fautes sur Hoarau, lequel n'en hérita pas moins d'un ballon de deuxième but à la 25è minute. Il mystifia le Haïtien et en dépit de toute la défense nantaise accourue pour tenter de le prendre en tenaille, malgré aussi la sortie de Heurtebis, il réussit à shooter. Le ballon passa au-dessus de la cible. Ouf !
Les Canaris amorcèrent ensuite un semblant de réaction. On vit beaucoup Capoue parce qu'il courait un peu partout et que ses copains l'expédiaient au mastic, comme on le fait souvent dans une équipe vulgaire de deuxième division. Mais ce genre d'attaques se terminent rarement de façon heureuse d'autant qu'Aurélien manqua de lucidité dans ses derniers choix (il oublia Da Rocha à la 26è minute, il centra trop haut pour Goussé à la 27è). Arriva ensuite l'occasion de Goussé, enrayée par Revault et on s'achemina doucement, sans grande émotion, jusqu'à la pause.
Arbitrage laxiste ou à la maison
En seconde période, Der Zakarian décida donc très vite de lancer Keserü à la place de Dossevi mais dans la construction Nantes se montrait toujours aussi timoré et imprécis, à l'image de Shereni, et c'est le Havre qui continua à se procurer les meilleures opportunités. Les Normands donnèrent aussi dans le folklore lorsque sur les corners ils allèrent se placer en masse au premier poteau, amenant les Nantais à les suivre de curieuse façon. Quand on en est à s'intéresser à ce genre de manœuvre c'est généralement parce que le spectacle n'est guère emballant, et c'était le cas. Tony Heurtebis ne se laissa pas abuser, il intervint même avec brio sur une reprise de la tête de Hoarau (65è) et il se tira sans dommage d'une situation assez confuse à la 80è minute. Les Normands ne marquèrent donc pas un autre but.
Mais de leur côté les Nantais n'inquiétaient pas Revault. Lequel dut toutefois intervenir sur un coup franc botté pat Keserü, conséquence d'une faute de Gillet sur Da Rocha (59è). Déjà sourd et aveugle sur une faute sur Keserü, l'arbitre, le laxiste Lecellier, laissa filer sans broncher, en fin de match, une autre faute sur « le vieux soldat », juste à la limite de la surface de réparation. Cette coupable absence de réaction rappela qu'on est en 2è division et que les arbitres, c'est logique, sont encore plus faibles qu'à l'étage au-dessus.
C'est dur, décidément, de se faire au nouveau statut du FC Nantes.
B.V., le 21 août 2007