Après le hors d'œuvre rémois à domicile, les Nantais se devaient de confirmer à Châteauroux face à un adversaire d'un autre calibre qui avait terminé le précédent championnat à la 7 ème place la saison dernière et qui ne cache pas ses ambitions de vouloir faire mieux encore. Les hommes du président Denisot, présent en tribune non loin de Waldemar Kita, ont démontré qu'ils avaient en tout cas de sérieux arguments offensifs pour y parvenir. On pense notamment à l'ex-ajaccien Scarpelli et au Zambien Jacob Mulenga. Ces deux là ont fait des misères à la charnière défensive nantaise.

Les difficiles débuts de Jean-Jacques Pierre
Si Loïc Guillon s'en est une nouvelle fois bien sorti, même s'il fut parfois attentiste dans les duels aériens, Jean-Jacques Pierre a connu un début de rencontre délicat. Déjà averti à juste titre dès la première minute de jeu, il commit l'irréparable peu avant la demi-heure de jeu, lorsque, en retard, il se laissa aller à faucher Scarpelli dans la surface (26'). Il s'agissait là de la première action décisive des Castelroussins. Elle fut payante. Comme face à Reims, Jean-Jacques Pierre, pourtant potentiellement au-dessus du lot, est manifestement encore trop perturbé par ses désirs d'ailleurs, pour être tout à fait à son sujet. Et comme la concentration est déjà son plus gros défaut, il n'est pas étonnant de le voir commettre ce genre d'erreurs. Il se reprit fort heureusement après le repos.

Si les joueurs de Frédéric Zago ont été efficaces sur leur première action, si ses attaquants ont du talent, on ne pourra pas en dire autant de sa défense. Les Berrichons avaient en effet décidé de jouer très haut et de presser les premières relances nantaises. Ils laissaient de ce fait de larges boulevards derrière, notamment sur leur flanc droit, là où Bagayoko et surtout Capoue n'hésitaient pas à s'infiltrer pour bénéficier des changements de jeu souvent initiés par Frédéric Da Rocha ou de jeux en triangle au milieu en préliminaire de passes en profondeur qui mettaient dans l'embarras le grand Bates.

A Nantes les meilleures opportunités
Malgré ces boulevards et ces contres bien initiés, les Nantais ne parvinrent pourtant pas à ouvrir la marque. Ils se trouvaient tantôt benoîtement hors-jeu ou vendangeaient la passe sensée être décisive. Ainsi dès la 6ème minute, Capoue décalé à gauche appuyait trop son centre sur lequel Bagayoko était signalé hors jeu à l'approche des 6 mètres. Une minute plus tard, c'est Fernandez qui était contraint de sortir de sa surface au devant de Bagayoko, puis Capoue était lancé dans la profondeur mais était signalé hors-jeu, le même Capoue qui n'assurait une fois encore pas ses centres dans des positions pourtant très favorables.

Il n'y avait donc pas de quoi avoir peur, à moins de s'appeler Waldemar Kita, car plus le match avançait plus les Nantais forçaient les Castelroussins à se tenir sur leur garde. Ils choisirent d'ailleurs plutôt la voie des expédients pour contrer les Nantais : Viator averti à la 16ème minute, même sanction pour Bedino qui cisaille Bagayoko, sous les yeux d'un Michel Der Zakarian prompt à donner de la voix en fin connaîsseur : «  Il le coupe en deux là, c'est le rouge qu'il faut mettre  »

Bagayoko égalise
Après l'ouverture du score de Scarpelli, les Nantais ont continué leur travail de sape. Ils bénéficièrent alors de plusieurs corners. Sur l'un d'eux, au second poteau, Jean-Jacques Pierre eu l'opportunité de rattraper sa bévue fatale, mais sa reprise passa largement à coté. Ils égalisèrent surtout très vite quand, à la suite d'une transversale décisive de Fred Da Rocha, Bagayoko, dans la surface de réparation coté gauche, croisa une frappe qui eut le bonheur de trouver la pointe de la longue chaussure de l'emprunté Bates. La course du ballon ainsi contrariée laissa Fernandez impuissant (32'). Trois minutes plus tard les Jaunes eurent une nouvelle grosse occasion, mais David De Freitas, une nouvelle en deçà de ce qu'on espérait de lui, se montra maladroit dans son face à face avec Fernandez, alors que Da Rocha l'avait idéalement mis sur orbite.

Châteauroux enfin dangereux
Tandis que Capoue collectionnait encore quelques positions de hors-jeu, ce sont surtout les Castelroussins qui se montrèrent enfin dangereux. Heurtebis qui entre-temps avait à nouveau loupé un dégagement au pied, ce qui porte son compteur à 3 en deux rencontres, eut dès lors en un quart d'heure plus de situations dangereuses à négocier qu'en 90 minutes face à Reims. Il dut ainsi s'employer au premier poteau pour couper la course d'un centre dangereux (37'). Son intervention la plus décisive intervint quelques minutes plus tard lorsqu'il se coucha sur une frappe croisée de Mulenga (40'). Enfin, le Zambien vit sa reprise de la tête passé au-dessus juste avant que monsieur Biton ne siffle la mi-temps.

La tête dans le guidon Nantes pédale fort
Une mi-temps qui se terminait par un score de parité donc. Si le « plus petit » Châteauroux pouvait penser qu'il avait fait jeu égal avec la « Star » déchue, les Nantais avaient pourtant démontré une supériorité dans tous les secteurs, sauf peut-être celui de la maîtrise. Dans les duels, dans la récupérations, la percussion et la faculté de contre, Nantes s'imposait. Dans l'utilisation du ballon, la gestion du rythme c'était une autre histoire. Nantes pédalait juste plus fort, mais avait la tête encore trop dans le guidon. Et il lui faudrait encore s'arracher après la pause pour concrétiser sa laborieuse supériorité. S'arracher pour marquer et puis ensuite tenir en espérant un nouveau contre, car ne l'oublions pas, avec ce calendrier made in ligue 2, Nantes avait tout de même trois jours de moins de récupération que son adversaire du soir. Une situation qui risque de souvent se répéter tout le long de la saison.

Capoue ne centre pas, il frappe et marque
De fait, comme face à Reims, les Canaris ne vont pas tarder à prendre l'avantage en ce début de deuxième période. Après un premier essai avorté : Bagayoko devancé au moment de la reprise après une bonne combinaison coté droit entre Da Rocha et De Freitas, c'est de l'autre coté que la décision allait intervenir. Une récupération haute, une parfaite combinaison à une touche de balle entre Da Rocha et Goussé, achevée par une passe en retrait de ce dernier pour Capoue qui choisit cette fois de frapper dans un angle fermé. Fernandez ne peut qu'effleurer le ballon qui pénètre coté opposé (52'). Une intermède de jeu qui s'avéra donc efficace.

Châteauroux essaye d'égaliser, mais Nantes se procure les plus nettes occasions.
Les Castelroussins vont mettre un moment à réagir. C'est d'abord Mulenga qui frappe au but en se retournant, mais le ballon n'attrape pas le cadre (57'). Puis alors que Nantes gâche une nouvelle occasion dans le dernier geste décisif entre Capoue et Bagayoko, c'est Châteauroux qui se rue sur une de ses rares occasions de jouer en contre. A l'arrivée la tête de Mulenga passe juste au-dessus du but de Heurtebis (61'). Ensuite Sidibé, entré à la pause à la place d'un Lachuer discret, s'essaye à la frappe de loin, sans tromper la vigilance du portier nantais (64') Avant de subir les dernières minutes, les Nantais négocient d'abord mal par Goussé leur supériorité numérique à l'abord de la surface adverse (72'), puis manquent l'occasion de plier la match, après que Da Rocha ait décalé Capoue dont le centre au premier poteau est repris par Bagayoko. Mais Fernandez eut le bon goût de sauver son équipe et de préserver le suspense pour les 10.000 spectateurs présents, d'autant qu'après une belle récupération de Shereni suivie d'un parfait décalage pour Capoue, Da Rocha vit sa frappe instantanée passer juste à coté (80'). Finalement bien que Châteauroux tenta d'égaliser jusqu'à la fin, seule une frappe de Mulenga (82') fut susceptible de faire craindre le pire aux nombreux supporters nantais présents à Gaston-Petit.

Les Canaris enchaînent donc une deuxième victoire précieuse. Ils auront l'occasion de confirmer encore vendredi prochain à La Beaujoire face à au promu Clermont qui se déplacera pour la première de la saison. Ils auront ensuite notamment l'occasion de se frotter au Havre et Sedan dans une fin de mois d'août particulièrement encombrée, avec pas mois de 4 rencontres à disputer en onze jours. De quoi avoir une première indication du réel potentiel de l'équipe entraînée par Michel Der Zakarian et Bati Gentili...

Frédéric Porcher, le 6 août 2007.